Après plus de dix ans à la tête de la manufacture du Brassus, François-Henry Bennahmias a raccroché sa blouse d’horloger et quitté ses fonctions de président.
On ne croisera plus le blouson et les sneakers de François-Henry Bennahmias dans les couloirs d’Audemars Piguet. Celui qui aura présidé la marque durant plus de dix ans part, sans doute, avec la satisfaction du devoir accompli, si tant est qu’un tel homme puisse jamais se satisfaire d’autre chose que de l’impossible. Sous sa houlette, la manufacture aura vu son chiffre d’affaires multiplié par quatre, franchissant la barre des 2 milliards d’euros… en ne produisant que 50 001 montres par an.
Ce Français autodidacte, ex-golfeur professionnel, a remué le monde si sage et lisse de l’horlogerie suisse, rendant le port d’une montre de luxe cool voire sexy. Entré chez Audemars Piguet en 1994, il s’envole en 1999 pour les États-Unis et New York, où tout était encore à faire. Comment une maison familiale fondée en 1875, nichée au fin fond de sa vallée, a-t-elle accepté de créer des montres de luxe avec une star du hip-hop new-yorkaise ? Avec son mélange de franc-parler, d’impatience et de volonté, ce vendeur né est capable de convaincre n’importe qui. On appelle cela un don.
Shaquille O’Neal, LeBron James, Pharrell Williams, Orlando Bloom et même Terminator, alias Arnold Schwarzenegger… Les plus grandes stars américaines vont porter ses montres. « Être allé chercher Jay-Z (2) à cette époque-là restera une de mes grandes fiertés, confie-t-il. Aujourd’hui, le luxe et la rue se sont rencontrés, et ce croisement vient du monde du hip-hop, qui a injecté sa coolitude à une industrie bien plus classique au départ. Et quand vous avez des célébrités américaines comme vecteur culturel, vous avez ensuite accès au monde entier. » En 2012, il prend donc la tête de la manufacture. « Nous avons complètement changé le business model d’Audemars Piguet. Mais nous sommes encore très loin d’avoir vu ce que cette industrie a dans le moteur », estime-t-il au moment de raccrocher.
Une Royal Oak avec Travis Scott
Entre la nouvelle collection Code 11.59 qui prend ses marques, une collaboration avec les studios Marvel, les Offshore et la mythique Royal Oak qui vient de fêter son demi-siècle avec brio, la maison est en ordre de bataille pour proposer le fin du fin horloger durant la prochaine décennie. « On ne s’est pas trop mal débrouillés ! Nous venons de lancer une Royal Oak avec Travis Scott. Nous avons associé une star du rap iconique à ma montre et à mon mouvement préféré chez Audemars Piguet : une Royal Oak Quantième Perpétuel Squelette, twistée façon streetwear, en céramique marron, couleur préférée de Travis. C’était mon dernier lancement. C’est bien de clôturer l’histoire ainsi, alors que l’on fêtait cette année les 50 ans du hip-hop. » Lors de ses adieux à la scène horlogère, en décembre dernier, à Manhattan, les stars du rap US scandaient : « Thank you François. »
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