À la Fashion Week de Milan, les collections automne-hiver 2024-2025 des grands noms du luxe italien misent tout sur les standards du vestiaire masculin.
Au jeu des people au premier rang, Dolce & Gabbana frappe un très grand coup : Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, le regard caché derrière des lunettes fumées, ne loupe pas une miette du spectacle. Et quel spectacle ! Le duo livre une collection élégante, quasiment intégralement noire. Grands trench-coats, manteaux de fourrure, pantalons coupés comme il se doit, smokings, chaussures ornées de fleurs d’organza, blouses baroques sorties d’un film de Visconti… Chic et désirable. « Notre approche cette saison est de mettre l’accent sur la beauté du fait main, sur l’élégance traditionnelle, explique Domenico Dolce à la presse. Cette collection se fonde sur notre connaissance quasi-obsessionnelle des règles de l’art tailleur. » Depuis les années 1980 et leurs débuts, ils ont cultivé cette maîtrise, perfectionné leur savoir-faire. Pour l’hiver prochain, le duo revient à ses fondamentaux, à ces costumes à la coupe parfaite, à cette palette épurée et à ces manteaux taillés comme nul autre. « Nous pensons que même les jeunes en ont marre des logos, du sportswear, renchérit Stefano Gabbana. Les célébrités que nous habillons, par exemple, nous demandent de plus en plus de costumes. Une belle veste, un beau pardessus, cela vous donne une prestance, une tenue. Mais tout se joue dans la construction, qui doit être parfaite. » Croisé, noué par un ruban de satin, à veste courte ou simple gilet, en velours ras ou en lainage, porté sur une chemise blanche ou un débardeur, ce costume dans tous ses états séduit. Applaudissements fournis.
« L’inspiration, cette saison, ce n’est pas une inspiration », assène Silvia Venturini Fendi en coulisses. Et les journalistes de se regarder inquiets… Pourtant, ouf, sa version de l’homme Fendi de l’hiver prochain n’en manque pas ! « J’approche les choses différemment, en recherchant une forme de continuité avec mes collections précédentes, pour créer un homme classique mais contemporain. » Cette fois-ci, le loden, la veste de chasse, les bottes de pluie et les pantalons de velours sont revus à la sauce Fendi, évoquant davantage la campagne britannique que la Ville éternelle, où la maison est née. « J’avais quand même quelqu’un en tête en travaillant cette collection, une femme : la princesse Anne était sur mon moodboard. »
Ce qui rend les créations de la Romaine uniques, c’est sa manière, donc, de traiter les grands classiques pour leur donner un nouveau souffle, mais surtout sa maîtrise de techniques qu’aucune autre maison peut proposer. Tailler un loden en shearling, transformer le col de velours côtelé du traditionnel Barbour en peau retournée, par exemple, il fallait y penser… « J’aime aussi jouer avec les perceptions, souligne la créatrice, montrant un sublime bomber. On pourrait croire qu’il est en fourrure, puisque c’est notre spécialité, mais c’est en fait du denim et du mohair. » Ou encore le Siesta, nouveau sac qui prend la forme d’un oreiller ou d’un Boston selon différents jeux d’attaches. Well done !
Un immense phare a été installé dans le théâtre de la Via Bergognone, éternel écrin des défilés Emporio Armani. On voudrait vous épargner la métaphore du « Maestro » qui serait un « phare dans la nuit », mais depuis le début de la saison, son influence est largement citée, notamment par les jeunes créateurs en vue comme Magliano (qui a présenté à Florence) ou Jerry Lorenzo, de Fear of God… Ici, l’hiver prochain est une célébration de l’esprit Armani. Le défilé débute sur le tube de Loredana Berte Mare d’Inverno (1983) avec des marins en pardessus croisés, pantalons amples, blousons zippés à grands cols, et un exquis costume croisé, porté avec des grands gants en cuir et des bottes. La suite (115 looks tout de même) est un panaché de tout ce qui a fait de Giorgio Armani le créateur le plus influent de la mode masculine. Costumes dans des tons de beige et gris clair, puis noirs embellis de cristaux, duffle-coats et longs pardessus en cuir d’une épaisseur folle, grands manteaux en laine ou en sorte de chambray délavé… À bientôt 90 ans, le « Maestro » n’a rien perdu de sa superbe.
Vendredi soir, c’est l’événement pour les fans de la marque culte Stone Island. Fondée par Massimo Osti en 1982, l’entreprise a récemment été rachetée par Remo Ruffini et Moncler. Elle faisait ce week-end son entrée au calendrier de la semaine de la mode milanaise, avec ce que l’on pensait être un premier défilé. Mais en arrivant sur place, on retrouve une mise en scène évoquant les spectaculaires événements de la marque de doudounes née à Monestier-de-Clermont… Une structure métallique, des mannequins immobiles, et un jeu de lumières à ne pas recommander aux épileptiques… Pas de défilé, donc, et c’est dommage, car on peine, dans cette mise en scène, à voir le produit. Qui est pourtant le cœur du propos de la marque, qui n’a pas d’équivalent en termes d’expérimentations, proposant des tissus innovants, des matières qui changent de couleur au contact de la chaleur, des coupes inventives…
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