Présenté sur un podium de verre flottant au-dessus d’un ruisseau et d’une végétation automnale, la collection homme printemps-été 2024-2025 de Miuccia Prada et Raf Simons frappe les esprits.
Il y a toujours de l’excitation dans l’air, le dimanche après-midi de la Fashion week milanaise, aux abords de la Fondation Prada. Dans le couloir qui mène au lieu du défilé Prada, la griffe a reconstitué des bureaux aseptisés: séparateurs bleus, moquette grise, ordinateurs dont le fond d’écran est un simple logo de la marque sur fond blanc. Question d’époque, les influenceurs ne manquent pas de s’y faire photographier, avant, sans doute, de publier les photos dans leur story Instagram avec la légende « Back to work»… Puis l’on pénètre dans la salle principale et, là, la claque : sous un sol de verre et métal surélevé, un ruisseau coule au milieu d’une végétation automnale (mousse, feuilles mortes…).
Les invités prennent place sur des chaises de bureau. « Qu’est-ce que ça veut dire, ces chaises dans la nature?», demande l’un d’eux. Sur le podium, un premier garçon s’avance en chemise de banquier jaune à poignets et col contrasté, pantalon noir impeccablement coupé, cravate autour du cou. Sur la tête, une sorte de bonnet de piscine rouge (une étrangeté très Prada). Viennent ensuite des costumes gris et bleus légèrement boxy (parfaits), les mêmes en tweed d’une épaisseur folle, des cols roulés austères à souhait portés avec des leggings techniques de couleur (violet, vert acide…), des trenchs non pas boutonnés mais zippés, des pantalons de flanelle d’une simplicité confondante mais aux détails soignés, des pulls aux épaules légèrement marquées comme une veste, de longs manteaux de cuir d’inspiration nautique à boutons dorés… Efficace avec la juste dose de radicalité et de simplicité qui fait que l’on a envie de tout, ou presque.
« Ce sont des archétypes, en quelque sorte : l’homme d’affaires, l’homme qui pense, l’homme qui travaille », souligne Raf Simons backstage. Et toujours ce pas de côté signature de la maison milanaise, incarné par ces ceintures portées désaxées, ces sweat-shirts à capuche autour desquels s’enroulent des écharpes, ces mélanges de mailles (un cardigan passé sous un col rond d’une couleur différente). Et surtout, ces incroyables vestes de travail, déjà présentes dans la collection féminine présentée en septembre dernier, ici présentées en tweed et portées avec le pantalon assorti, ou en blanc, qui rappellent presque des manteaux de laboratoire. «J’aime l’idée qu’il y ait encore des saisons, décrypte Miuccia Prada en coulisses. Nous voulions parler de nature, car certains sujets sont inévitables. Mais la mise en scène était aussi assez effrayante, menaçante, avec cette nature que l’on ne peut pas toucher.» La foule de fidèles de la griffe milanaise, plus dévolue que jamais, applaudit chaleureusement un défilé remarquablement efficace.
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