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Haute couture de l’été 2024: Chanel mène la danse

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Inspirée par les corps des danseuses, les couleurs de Bakst et le son de Kendrick Lamar, Virginie Viard met les ateliers de la rue Cambon au défi du tulle, des broderies et des dentelles à la richesse inouïe. On applaudit !

À toutes fins utiles, rappelons que la haute couture est un exercice créatif et un business très, très particuliers. Peu de maisons peuvent se targuer de cette étiquette labellisée (parmi les critères, chaque pièce doit être réalisée sur mesure; les ateliers sont nécessairement basés à Paris, etc.). En termes d’aura et de virtuosité, on peut même distinguer deux marques, Dior qui a défilé ce lundi et Chanel, qui suivait ce mardi matin au Grand Palais Éphémère. Cette création de niche, sans limite, exigeante, nécessitant des centaines d’heures de travail à la main et des savoir-faire (majoritairement français) les plus exceptionnels est ainsi destinée à quelques centaines de femmes dans le monde.
Les ateliers de couture ont le culte du secret, il est presque impossible de connaître l’identité desdites clientes et les prix stratosphériques de ces pièces uniques. Pourtant, de la même façon que les grands artistes exposent leurs œuvres en galerie avant de finir aux murs ou dans les coffres de riches collectionneurs, cette haute couture fait le show et les belles heures des réseaux sociaux. Seulement, aucune image vue sur un smartphone ne rend justice à cet art supérieur de la mode. C’est ce qui nous vient à l’esprit face à ce défilé Chanel où chaque pièce est un petit bijou à contempler au millimètre près.

Veste au crochet de fleurs aux couleurs vives inspirée de l’univers de Léon Bakst, le costumier des Ballets russes
Chanel

Bien sûr, il faut raconter des histoires, belles mais aussi contemporaines. Celle de Virginie Viard, cette saison, lui a été soufflée par sa fascination pour les danseurs, cette exigence du corps, cette passion sans confort. Elle raconte comment elle a été marquée par la performance de l’étoile Amandine Albisson, ouvrant la représentation (gratuite et accessible à tous) qui a eu lieu en novembre dans le cadre du projet de l’artiste JR sur le parvis de l’Opéra, l’institution dont Chanel est le premier mécène. Logique lorsqu’on se souvient de la passion de Gabrielle pour les Ballets russes. «J’aime de plus en plus Coco Chanel, dit-elle en riant, durant l’accessoirisation dans son studio de la rue Cambon. Bien sûr, du temps de Karl, nous avons déjà fait référence à Diaghilev, mais c’était toujours à la sauce Karl! Là, je redécouvre tant de choses sur sa vie, son travail, ses influences. C’est si riche et inspirant que je me laisse porter. Et je m’entoure aussi de gens avec qui j’adore travailler comme ici avec Kendrick Lamar

Genre de doudoune en mousseline de soie sur organza rose, tailleur minijupe en tweed brodé
EMMANUEL DUNAND / AFP

En effet, «le meilleur rappeur vivant de tous les temps», selon le magazine Rolling Stone et son partenaire et réalisateur Dave Free signent le film teaser (musique comprise) The Button racontant l’histoire d’une jeune New-Yorkaise – Margaret Qualley – qui a hérité de sa grand-mère une veste en tweed blanc Chanel où il manque… un bouton. Elle se rend donc avec l’aide de Naomi Campbell jusqu’à Paris où elle rencontre Coco (Anna Mouglalis). «Et finalement, j’ai proposé à Margaret qui avait été notre mariée de la couture de l’hiver 2021, de défiler à nouveau », poursuit la directrice artistique. La géniale hippie borderline de Once Upon A Time… in Hollywood, qui a d’abord mené une carrière de danseuse professionnelle, ouvre donc le show tout sourire, éclairée par un col fraise (clin d’œil à celui de Coco sur le célèbre portrait de George Hoyningen-Huene de 1935) et sa veste blanche avec le bouton raccommodé.

La Ballerine en rose et noir
Chanel

On n’avait pas vu autant de tulle – du rose pêche, du gris, du noir et beaucoup de blanc…- chez Chanel depuis un moment! Se glissant sous les géniaux tailleurs-minijupes ou sous un long tablier du soir en dentelle rebrodé de roses bleues, drapée en blouse façon «chemise à la reine» ou ourlant les dos-nus en vaguelettes de sequins et paillettes, en jupon court soulevant une parfaite et sobre veste de tweed noir, en poches contrastées sur une robe-vareuse, en millefeuilles brodées sur l’organza d’un bomber… Ou encore, en traîne noire au dos d’un bustier immaculé tout en franges de mousseline de soie lestée de microbroderies de fleurs dont on pourrait admirer chaque détail pendant des heures. Les justaucorps, les cache-cœurs en tweed, et même la veste-robe au crochet de fleurs roses, vertes, rouges à l’esprit slave (« Un clin d’œil à Léon Bakst, le costumier des Ballets russes, que j’adore») file la métaphore.
Avec ses collants blancs qui gainent les jambes, cette ballerine Chanel n’a rien d’éthéré, elle cultive ce mélange étrange entre grâce et puissance, à l’instar du corps athlétique et la démarche sautillante de Margaret Qualley, ou de l’énergie et l’air buté de cette fille dans un «genre de doudoune couture», rit Virginie Viard, en mousseline de soie rose brodée née des mains de la première d’atelier de Chanel, le top du top de la haute couture! La richesse de ces pièces est à l’image de la palette fabuleuse de Chanel qui s’offre cette escale d’élégance parisienne, après avoir fait étape à Manchester pour les Métiers d’Art en décembre dernier et avant de présenter sa collection Croisière à Marseille en mai prochain. Bonne Mère!

Content Source: www.lefigaro.fr

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