Yes Mccan s’est fait connaître au sein de Dead Obies grâce au remarquable album Montréal $ud, lancé il y a 10 ans, et au passage du groupe à Tout le monde en parle, en 2016. Jean-François Ruel, de son vrai nom, est devenu célèbre, en 2018, pour son rôle dans la série Fugueuse, qui vient d’être déposée sur Netflix.
En dépit des succès passés et de sa notoriété, l’artiste a décidé de se réinventer sous le nom de Yes*. Force est d’avouer que Club des Cœurs Solitaires (CCS), première offrande de sa nouvelle identité, ne nous a pas complètement convaincu.
Commençons par le positif. D’abord, l’album s’ouvre de belle façon avec la pièce titre coproduite par High Klassified. Ensuite, l’ensemble sonne très bien. Presque entièrement produit par nu_tone, CCS est précis et puissant. Le mixage de Jules Fradet y est certainement pour quelque chose. Certaines chansons, dont Rolling Stone et Big Pharma, sur laquelle on entend Hubert Lenoir et Prinzly, superposent habilement une multitude de sons et devraient être électrisantes en spectacle. On aime aussi les transitions entre les morceaux, les interludes et les différents extraits échantillonnés.
Les ambiances de CCS sont variées : trap (Many Men, Tiffany, Dix), rétro pop à la The Weeknd (Poison, Fiction pulpeuse), rock indé (Brûler, Problème). La cohésion n’en souffre pas trop, mais la qualité des pièces est inégale. On sent le désir de faire plaisir à tout le monde, mais encore faut-il maîtriser tous ces styles.
Le propos est la grande faiblesse de CCS. Yes* écrit plutôt bien et livre adroitement ses rimes – Magnum Freestyle est un bon exemple. Ce qu’il raconte est toutefois générique et manque d’authenticité. Ses histoires de cœur brisé sont peut-être bien réelles, mais ressemblent plus à une traduction insipide de celles de Drake. La misogynie ordinaire du célèbre MC torontois est rarement décriée, ce qui a pour effet qu’elle est imitée. Ainsi, Yes* est à l’aise de rapper « C’est une féministe, mais elle aime quand j’lui mets les claques » sur Tiffany, et plusieurs autres lignes similaires tout au long des 12 titres.
Il est loin d’être le seul rappeur à lancer sans complexe ce type de phrases, mais ce discours ne concorde pas du tout avec la campagne de promotion qui a précédé la sortie de CCS. La démarche artistique de Yes* semblait réfléchie et novatrice, mais le produit final n’est pas à la hauteur de la qualité de son marketing.
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