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Wim Delvoye, vue depuis sa fenêtre londonienne

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Le plus fantasque des artistes belges sème le chaos au sage Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève jusqu’en juin. Son atelier est à Gand, son château aussi, mais c’est à Londres qu’il s’est installé, lassé de voir ses élans freinés par son pays natal. Rencontre avec un rebelle qui a l’air joyeux, un inventeur acide qui est sans limites.

J’ai grandi dans un petit village en Flandre, à Wervik, tout près de la frontière française et de Lille. Mon premier musée? Les églises, parce que c’est gratuit et qu’il y a partout de bons tableaux! Mes parents voyageaient beaucoup, notamment à travers l’Espagne, et visitaient tous les musées. J’ai grandi avec eux dans les musées. Mon papa collectionne beaucoup de choses, toutes les cartes postales de son village, il a aussi créé un musée du tabac à Wervik. Il y a des familles qui chantent, la mienne regardait l’art, peignait ou dessinait. Je ne pouvais pas échapper à mon boulot, je ne pouvais pas rater ça! Mes parents ont gardé chaque dessin que j’ai dessiné. J’en ai même fait un livre et une rétrospective au Mamco de Genève, il y a une quinzaine d’années, que j’ai appelée «Wim Delvoye, Works of the Sixties» (Il est né en 1965, NDLR)!

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Jimmy Kets

Au MAH de Genève, avec le marble run qui fait circuler des billes de métal à travers le musée et les œuvres d’art de ma collection, j’ai voulu briser le tabou du silence religieux devant l’art. J’aime jouer avec cette idée de reliques et d’icônes. Ici, je suis artiste, mais aussi commissaire d’exposition, scénographe et collectionneur. Le collectionneur, c’est celui qui a tous les pouvoirs, qui possède la pièce et montre ce qu’il aime, comme il le veut. On me dit souvent baroque et surréaliste, ce qui est vain et inévitable quand on parle de Belgique. Je ne m’y reconnais pas, mais cela ne me dérange pas. Le surréalisme, c’est un état d’esprit, pas un style. La vie est surréaliste. L’acte de faire une œuvre d’art qui ne sert à rien, c’est surréaliste. Belge? Quand j’ouvre ma fenêtre, cela peut être depuis mon petit château à côté de Gand. Mais j’habite Londres maintenant. J’aime bien les Belges, mais je n’aime pas la Belgique, trop de persécutions réglementaires et administratives. À Londres, j’ouvre ma fenêtre et j’attends le crash des crashs qui fera baisser les prix de l’immobilier et me donnera accès au lieu de mes rêves.

«L’Ordre des choses. Carte blanche à Wim Delvoye», au Musée d’art et d’histoire (MAH) de Genève, jusqu’au 16 juin. Le catalogue «L’Ordre des choses», coédité par le MAH et Hatje Cantz, paraîtra ce printemps.

Content Source: www.lefigaro.fr

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