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J’ai vu le défilé Dior à New York, New York – U.S.A

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Lundi, au Brooklyn Museum, Maria Grazia Chiuri dévoilait sa collection de l’automne prochain, inspirée par l’allure puissante de Marlene Dietrich qui a popularisé le nom de Christian Dior outre-Atlantique et la sophistication de l’Upper East Side.

« Quelle chance vous avez!, nous lance le chauffeur de taxi, à l’aéroport JFK, quand on lui précise le but de notre visite à New York. Ici, Dior est une maison très respectée, l’incarnation de l’élégance à la française, de cet art de vivre qui fait rêver beaucoup d’Américains.» Lundi soir, le fleuron du groupe LVMH a convié dans la Grosse Pomme, pour son défilé pre-fall 2024, médias, influenceuses, célébrités et clientes du monde entier. La vieille, pour le dîner de bienvenue organisé dans un club privé de Manhattan, on croise Anh Deong, ancien mannequin et artiste reconnue. « Les Américains sont fascinés par la France, encore plus aujourd’hui. Je ne sais pas si c’est l’effet Jeux Olympiques, si c’est lié au succès de la série Emily in Paris, ou si ce sont les conséquences de leur désaffection pour Londres suite au Brexit mais les New-Yorkais, en particulier, sont de nouveau fous de Paris, confirme cette Bordelaise installée outre-Atlantique depuis près de trente ans. Ils ont toujours eu un certain intérêt pour la Parisienne. Ils ne se lassent pas de décrypter le mystère de cette femme : comment elle séduit, comme elle mange, comment elle s’habille.»

Cette amitié transatlantique n’est en effet pas née d’hier. Elle est même l’un des fondements de l’histoire de la maison Dior. N’est-ce pas une Américaine, Carmel Snow, la puissante rédactrice en chef de Harper’s Bazaar, qui inventa le terme «New Look» en 1947 au sujet de la silhouette emblématique de Christian Dior ? N’est pas ici que le couturier, visionnaire, débarqua l’année d’après pour y lancer Christian Dior New York Inc, une succursale destinée à adapter (et produire) ses collections au marché local ? «Il a très vite compris qu’il fallait réinterprété cette silhouette au style de vie des Américaines, friandes d’un vestiaire plus fonctionnel, analyse Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique, quelques heures avant le show. Pour ce faire, il a, en quelque sorte, industrialisé les techniques manuelles de la haute couture afin de répondre à la demande de cette clientèle plus nombreuse. Jetant ainsi, dès la fin des années 1940, les bases du prêt-à-porter.» Cette transition vers une garde-robe de tous les jours intéresse particulièrement l’Italienne qui l’a déjà abordée dans sa collection hiver 2024-2025 (montrée à Paris fin février), inspirée des archives de Miss Dior, la première ligne officielle de prêt-à-porter lancée par la maison en 1968.

Dans les coulisses du défilé Dior pre-fall 2024.
Le Figaro

Cette fois-ci, c’est dans un tout autre décor – le Brooklyn Museum – qu’elle présente ce vestiaire sophistiqué mais non moins ultraportable, nourri par la figure de Marlene Dietrich. Quel rapport entre l’Allemande de Lili Marleen, New York, Paris et Christian Dior ? «En son temps, elle a fortement contribué à populariser la maison à l’international, raconte MGC. Elle était une cliente de la première heure, elle s’habillait d’ailleurs dans les années 1930 chez Lucien Lelong alors que Christian Dior y dessinait les collections. Grâce à son aura de star, elle a imposé le nom du couturier jusqu’à Hollywood puis dans le monde entier.» La légende dit que la célèbre interprète du Grand Alibi (1950) aurait réclamé à Hitchcock des costumes griffés Dior au motif que «No Dior, no Dietrich!» «Au-delà de cette formule restée dans l’histoire, c’est la garde-robe d’une femme qui a façonné sa propre image, qui me fascine. Tour à tour glamour, masculine ou plus sportwear, elle s’est servie du vêtement pour s’affirmer. Elle était d’une grande modernité», admire Maria Grazia Chiuri.

Dans les coulisses du défilé Dior pre-fall 2024.
Le Figaro

Ce sont toutes les facettes de Dietrich qui défilent sous les yeux des 800 invités installés dans une scénographie de néons et de faux carreaux de ciments inspirés des maisons de vacances siciliennes pensées par le duo d’artistes ready-made, Claire Fontaine. Bien sûr, il y a le pantalon à pinces taille haute, la chemise à manches courtes et cravate à pois, le blazer gris porté jambes nues avec un fedora cachant la moitié du regard, la fausse fourrure léopard, la maille marinière (ici drapée et transparente ultra-sexy) avec des espadrilles à multiples brides, le petit blouson d’aviateur, le tailleur cintré, entre veste Bar et silhouette New York tiré de la collection originelle de 1947 qu’avait adoptée l’actrice. Et pour le soir, une variation autour de la flapper dress à franges de perles, accessoirisée de chaussettes à côtes glissées dans des sandales bicolores à plateaux. S’avance même un costume queue-de-pie noir, veston blanc et minishort que n’aurait pas renié l’héroïne de Cabaret.

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Il y a aussi de l’élégance typique des femmes de l’Upper East Side dans les robes de cocktail imprimées d’esquisses de la Statue de la Liberté, de la Tour Eiffel et des skylines des deux villes, passées sous de grands manteaux d’homme. Les gros chandails à décolleté plongeant réchauffent des jupes en maille filet piquée de pampilles. Les fourreaux de velours drapé se portent avec d’exquises mules à petits talons. Les Américaines Michelle Williams et surtout Naomi Watts n’en perdent pas une miette. L’actrice et productrice de 55 ans crève l’écran en ce moment dans la série de Ryan Murphy Feud: Les trahisons de Truman Capote. Autant de tenues qui auraient plu à Babe Paley, l’une des Swans de l’auteur de Sang-froid, qu’elle incarne à merveille.

«Je suis très émue de montrer pour la première fois de ma vie une collection à New York, confie Maria Grazia Chiuri. Plus jeune, j’ai rêvé de venir ici. C’est une ville très spéciale pour tous les amoureux de la mode, très spéciale dans ma carrière et dans mon histoire personnelle.» Comme disait Frank Sinatra: «If I can make it there / I’ll make it anywhere». De bon augure pour son prochain défilé Dior, qui a lieu dans quelques semaines, le 3 juin, en Écosse.

Content Source: www.lefigaro.fr

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