La comédienne et professeure de théâtre Denise Gagnon, bien connue du milieu culturel, est morte mercredi à Québec à l’âge de 87 ans.
En 60 ans de carrière, elle a marqué l’histoire du théâtre, principalement à Québec, mais aussi partout dans la province, en plus de ses nombreux rôles à la télé et au cinéma, aussi à l’aise dans les classiques que dans des œuvres de l’avant-garde.
À la télévision, on l’a vue dans plusieurs téléromans et séries, tels que Le parc des Braves, Cormoran, L’auberge du chien noir, Avec un grand A, Scoop… Au cinéma, elle a tourné avec Yves Simoneau (Les yeux rouges), Pierre Falardeau (Octobre) et Bernard Émond (La neuvaine).
Un riche legs
Formée en jeu, elle a été de la première cohorte du Conservatoire de Québec, en 1961. Par la suite, Denise Gagnon a enseigné durant une vingtaine d’années à plusieurs générations d’interprètes au même endroit.
La comédienne était une habituée du Trident au Grand Théâtre de Québec ; elle a fait partie des débuts de la compagnie en 1971 avec Paul Hébert, avec qui elle a joué dans Pygmalion. Elle aimait explorer le répertoire, de Lorca à Tchekhov, en passant par Racine et les Grecs. Mais elle adorait aussi les créations, avec des textes de Michel Marc Bouchard, Marie Laberge (Le Night Cap Bar, au Périscope) ou Michel Tremblay (Messe solennelle pour une pleine lune d’été, chez Duceppe).
Le dramaturge Michel Tremblay a d’ailleurs réagi au départ de la comédienne mercredi soir : « Le théâtre au Québec perd un de ses plus beaux fleurons. En grande passionnée qu’elle était, Denise faisait le voyage Québec-Montréal tous les jours pour venir jouer La maison suspendue chez Duceppe en 1990, tout en continuant à donner ses cours au Conservatoire. »
Elle a également brillé dans plusieurs productions de l’auteur de la rue Fabre : Marcel poursuivi par les chiens, Albertine en cinq temps, Bonjour, là, bonjour, sans oublier une mémorable Germaine Lauzon dans Les belles-sœurs, sous la direction de Serge Denoncourt au Théâtre du Trident.
Mais Denise Gagnon pouvait aussi prendre des risques, comme lorsqu’elle a joué Pozzo dans le Godot de Beckett à La Bordée, ou revisité Les Troyennes avec Wajdi Mouawad au début des années 2000. Son rôle emblématique demeure celui d’Aurélie, dans Aurélie, ma sœur, pièce écrite et mise en scène par Marie Laberge, aux côtés d’une toute jeune Guylaine Tremblay, en 1988. Immense succès ! La pièce a été reprise l’année suivante au Café de la Place, à Montréal, et au Centre national des Arts, à Ottawa.
Réactions
Son camarade Denis Bernard lui a rendu hommage, mercredi soir, sur Facebook : « Repose en paix… Et où que tu sois, que l’écho de tes grands éclats de rire nous accompagne pour toujours. »
« Denise Gagnon, grande actrice et pédagogue de talent, est décédée. Merci de m’avoir donné le goût de la langue, de sa richesse et de sa beauté », a écrit sur Facebook le comédien Thierry Dubé. François L’Écuyer a souligné qu’elle avait été « une partenaire et complice remarquable, en plus d’être une femme exceptionnelle ».
L’acteur de Québec Jonathan Gagnon a fait partie de ses anciens élèves au Conservatoire d’art dramatique. « J’ai gradué en 2003 et nous avons été la première cohorte à avoir le nom d’un ancien ou d’une ancienne diplômée du Conservatoire. Nous sommes la cohorte DENISE GAGNON. Aujourd’hui, j’apprends son décès. Cette actrice, plus grande que nature, a été marquante dans mon parcours », a-t-il écrit.
Tous ces rôles que Denise Gagnon a défendus, de façon magistrale, resteront gravés dans la mémoire du public comme de ses partenaires de jeu.
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