CRITIQUE – À Montpellier, le Pavillon populaire dresse un beau portrait de cette photographe engagée qui dut fuir le nazisme de Berlin à Paris, puis jusqu’en Argentine.
Gisèle Freund, c’est la portraitiste du milieu littéraire parisien des années 1930, puis de l’après-guerre. Le jeune André Malraux mèche au vent, James Joyce derrière ses épaisses lunettes, Frida Kahlo éternelle poupée mexicaine, Walter Benjamin beau comme un penseur, Colette toute en présence théâtrale, Jean Cocteau brun et ébouriffé, Virginia Woolf mélancolique, , Stefan Zweig concentré. Puis Marguerite Duras austère, Sartre et Beauvoir, le couple de Saint-Germain-des-Prés, puis, en 1981, le portrait du président François Mitterrand, demi-sourire de tigre dans sa bibliothèque.
Gisèle Freund (1908-2000), c’est bien autre chose, démontre l’exposition du Pavillon populaire à Montpellier, la dernière avant travaux, et la dernière pour son directeur, Gilles Mora, qui, depuis 2010, a voulu « montrer là ce qui n’a jamais été montré ». Un mur d’affiches en témoigne : de la royal pop Linda McCartney à la Finlandaise Elina Brotherus, de The New York School Show à I am a Man. Photographies et luttes pour les droits civiques dans le Sud des États-Unis, 1960-1970 qui continue de circuler aux Etats-Unis et lui a valu une lettre du président Bill Clinton. Fin décembre 2023, le Pavillon Populaire accueillait, grâce à lui, son millionième visiteur a souligné Artistes France Occitanie, le 6 novembre dernier sur son site.
Gisèle Freund n’était pas la photographe rêvée de ses adieux. Il a laissé champ libre aux commissaires, la cinéaste Teri Wehn-Damisch et l’historienne de l’art Lorraine Audric.
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