CRITIQUE – Dans le charmant atelier-musée parisien du peintre, une exposition révèle qu’il a copié systématiquement des manuscrits anciens et des répertoires de formes romanes ou gothiques pour enrichir ses décors oniriques.
D’où vient que, à peine entré dans le Musée Gustave Moreau, un des petits musées de Paris les plus magiques (25.000 œuvres tout de même rien que pour le fonds d’atelier), on a le sentiment d’un bain dans l’univers onirique, et un brin kitsch, de l’heroic fantasy? Réponse: des fameux «filigranes» qui participent largement au style de ce maître aussi discret que flamboyant, ami de Degas, peintre baudelairien de visions mythologiques, chef de file du symbolisme, admiré par Huysmans ou Proust, professeur ayant laissé libre ses élèves Rouault, Matisse, Marquet, Manguin, Camoin ou Desvallières afin qu’ils aient à leur tour «l’imagination de la couleur»…
Ces filigranes, profusion de détails ornementaux faussement ésotériques – en vérité juste portés sur la toile pour apporter un surcroît de merveilleux -, qui rendent somptueuses les étoffes, les bijoux, qui couvrent pareillement les colonnes, les statues, des architectures entières, sont le fruit de copies. Le plus souvent, en effet, ils ont pour…
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