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Il reste encore demain, Dans la peau de Blanche Houellebecq, Chroniques de Téhéran… Les films à voir ou à éviter cette semaine

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Un mélodrame italien dénonçant les violences conjugales, Blanche Gardin et Michel Houellebecq dans une fable pleine d’autodérision sur le devoir de silence, la société iranienne vue à travers neuf tranches de vie…La sélection cinéma du Figaro.

Chroniques de Téhéran – À voir

Comédie de Ali Asgari et Alireza Khatami, 1h17

Le film d’Ali Asgari et Alireza Khatami est un huis clos. Ou plutôt plusieurs huis clos. Neuf vignettes. Neuf tranches de vie mises en scène selon un dispositif immuable. Un plan séquence. Une caméra fixe. Un personnage filmé frontalement. Un homme déclare la naissance de son fils. David ? Le prénom est interdit. L’employé refuse de l’enregistrer. Pourquoi promouvoir une culture étrangère au lieu de donner un prénom iranien à son enfant ? Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. L’entrevue vire à l’interrogatoire. Il est sommé de se déshabiller pour dévoiler les tatouages qui couvrent son corps. Un homme au chômage postule à un emploi. L’entretien tourne à l’humiliation. Les interlocuteurs des protagonistes restent hors champ. On aperçoit de temps en temps une main entrer dans le cadre mais on ne voit jamais leur visage. On entend leur voix. Féminine parfois. Masculine souvent. Ces dialogues absurdes et tragicomiques n’ont souvent pas de fin. Parfois, une chute vient clore la scène. Ali Asgari et Alireza Khatami ont tourné en sept jours. En 1 h 17, Chroniques de Téhéran montre de façon saisissante les rouages ordinaires d’un régime totalitaire. É.S.

Dans la peau de Blanche Houellebecq – À voir

Comédie de Guillaume Nicloux, 1h28

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Moteur ! On entre dans la vie de Michel Houellebecq. L’air éteint, la conversation lasse, revenu de tout, ne semblant plus surpris de rien, l’écrivain joue à être lui-même. On le retrouve sur un trottoir parisien, sa valise à roulettes à la main, guettant un taxi pour l’aéroport. Il part aux Antilles, présenter un livre, dit-il au chauffeur qui l’a reconnu. Luc, colosse lymphatique et barbu, le rejoint. Ami, garde du corps ? Une limousine blanche les attend à l’arrivée. Elle ne les quittera plus. Dans la peau de Blanche Houellebecq est un road movie. Les héros sont déglingués. Houellebecq se pose en peignoir blanc au bord de la piscine de l’hôtel. Il manque de se noyer : « En fait, je ne sais pas nager. » « Vous avez un corps plutôt du secteur tertiaire », le rassure Blanche Gardin. L’humoriste s’incarne elle-même : deux rebelles dans les cordes. Elle est venue présider un jury de sosies de Houellebecq. L’auteur de Plateforme écoute l’irascible comique lui faire la leçon après son interview polémique avec Michel Onfray. Il a dit du mal de l’islam. Tout ça l’ennuie. Elle lui conseille de se taire. Ils essaient un puissant hallucinogène. Les choses s’embrouillent. Blanche et Michel se retrouvent liés par des menottes. La situation est rocambolesque, les dialogues hallucinants. Dans la peau de Blanche Houellebecq est une fable contemporaine, hilarante, pleine d’autodérision, sur le devoir de silence. On ne peut plus rien dire. Blanche Gardin s’énerve : « Pourquoi tu nous appelles des petits blancs ? On t’appelle pas le grand noir ! » Elle n’en revient pas qu’on l’accuse de tous les maux alors qu’elle est de gauche. C’est l’interrogation subliminale de Guillaume Nicloux. Où va ce monde dans lequel la gauche morale a perdu son impunité ? Michel Houellebecq semble avoir choisi la seule voie qui s’impose : ne plus parler. B.D.S.V

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Scandaleusement vôtre – À voir

Comédie noire de Thea Sharrock, 1h40

Scandaleusement vôtre retrace un fait divers ayant défrayé la chronique dans l’Angleterre des années 1920. Une petite ville du littoral, Littlehampton, est la cible d’un corbeau au langage fleuri et à la belle calligraphie. Ses lettres ordurières, et improbables dans leur hyperbole, visent Edith, une vieille fille s’occupant de son père conservateur qui voit l’œuvre du diable partout. Edith soupçonne Rose, sa voisine mère célibataire, d’en être l’auteur. Celle qui fait les fermetures de pub n’a pas hésité à tenir tête au père d’Edith. Bientôt la querelle picrocholine atterrit sur le bureau de la police. Avec des conséquences qui vont bien au-delà des harangues comiques entre Rose et Edith. Pour Olivia Colman, la tragédie de Scandaleusement vôtre est que Rose et Edith avaient tout pour devenir des alliées. Olivia Colman et Jessie Buckley avaient joué dans The Lost Daughter, adaptation Netflix par Maggie Gyllenhaal du roman d’Elena Ferrante. Mais incarnant le même personnage de mère dépassée à différents âges, elles ne s’étaient jamais donné la réplique. À regret. Les comédiennes avaient noué une vraie camaraderie sur le tournage « buvant et chantant chaque soir ». En lisant le scénario de Scandaleusement vôtre, Olivia Colman a immédiatement pensé à son amie pour la fougueuse Rose. Émue par cette héroïne, « perçue comme monstrueuse par ses pairs », qui « refuse pourtant de s’incliner malgré le rejet dont elle fait l’objet », Jessie Buckley a apprécié de revenir « à un registre plus léger et drôle ». Et de saluer « un film qui tord le cou à une vision corsetée, polie à la Downton Abbey, que l’on pourrait se faire des femmes de l’époque ». C.J.

Heureux gagnants - À voir

Comédie de Maxime Govare et Romain Choay, 1h43

Une voiture déboule dans les rues de Marseille, manque de renverser des piétons avant de finir sa course folle sur la place d’un marché, cernée par des policiers sur les dents. Nous ne sommes pas dans une énième version de la franchise Taxi, mais dans le prologue d’Heureux gagnants, une comédie bien plus frappante et amusante. À bord du véhicule, un duo de choc formé par Audrey Lamy et Fabrice Éboué. Sur la route de leurs vacances familiales, ils retrouvent dans la boîte à gants un ticket de Loto oublié. Lequel se révèle peser 5 millions d’euros ! Mais, par un double effet Kiss Cool, celui-ci est sur le point d’expirer. Faute de tout perdre, il leur reste moins de dix minutes pour le valider dans le centre de La Française des jeux le plus proche.
Cette comédie à sketchs démarre fort, et cela ne va pas s’arrêter. Quatre histoires se succèdent, réunies sous le même pitch accrocheur : « 1 chance sur 19 millions. Plus de probabilités d’être frappé par une météorite que de gagner au Loto. » Le choc sera brutal. Confrontés au gros lot, les personnages voient leurs vies bouleversées et leurs engagements, à l’aune des gains emportés, réévalués pour le meilleur, mais surtout pour le pire.
Ils n’ont rien en commun, mais ils partagent tous la même expérience, celle d’une perte de contrôle totale face à l’appât du gain. Les rebondissements sont nombreux, les situations aussi cocasses que culottées. Maxime Govare et Romain Choay, coauteurs et réalisateurs de cette farce mordante, ne font pas dans la demi-mesure.  V.B.

The Sweet East – On peut voir

Drame de Sean Price Williams, 1h44

Lycéenne s’ennuyant dans son patelin, Lilian profite d’un voyage scolaire pour fuguer et découvrir son pays. Plus son périple l’éloigne de Washington, plus on sombre dans la fable. Punks anti-capitalistes, professeur d’université blanc et suprémaciste, deux réalisateurs d’Hollywood doux rêveurs pour finir par un groupe de jeunes arabes fascinés par les armes, Lilian joue de son charme sans pour autant mettre tous ses bienfaiteurs dans son lit. Elle fréquente tout ce que l’Amérique compte de marginaux et de conspirationnistes. Chacun projetant sur elle des idées préconçues que la gamine ne cesse de déjouer. Il y a des petites touches d‘Easy Rider dans cette odyssée de plus en plus absurde et hallucinée, portée par la mutine et filoute Talia Ryder. Cette Alice aux pays des merveilles, découverte dans le poignant film sur l’avortement Never Rarely Sometimes Always, estompe les faiblesses de certaines étapes. The Sweet East de Sean Price Williams est une des belles pépites dénichées l’an passé par le Festival de Deauville, qui lui a décerné, à juste titre, le prix du jury. Le cinéaste dessine une carte des fractures idéologiques américaines qui ne font que s’intensifier. Il immortalise paysages et bourgades avec une pellicule granuleuse qui donne une allure de rêve (ou cauchemar) éveillé à cette drôle d’aventure. C.J.

Il reste encore demain - À éviter

Comédie de Paola Cortellesi, 1h59

Chaque matin, au réveil, elle reçoit une gifle. Au lit, son mari, Ivano, a la main leste. Telles étaient les mœurs des familles romaines dans l’immédiat après-guerre. Les choses ont-elles changé ? Voilà la question que la réalisatrice italienne Paola Cortellesi, qui tient également le premier rôle d‘Il reste encore demain, a l’air de se poser ? À ses yeux, la réponse est évidente. Aux nôtres aussi, le film n’hésitant pas à chausser de gros sabots. Delia est victime de violences conjugales. Elle économise en cachette pour offrir à son aînée des fiançailles dignes de ce nom. Les deux cadets sont intenables. Ils se bagarrent, disent des gros mots, bref de futurs machos. Le beau-père occupe une chambre dans l’appartement. Ce vieux libidineux ne quitte pas son pyjama et conseille son fiston sur la meilleure façon de battre sa femme. Tout le temps, c’est trop, donc inefficace. Mieux vaut une bonne raclée à intervalles espacés. On vérifie que le pépé lubrique avait inventé le masculinisme avant tout le monde. Évidemment, ce crétin d’Ivano, avec ses tricots de peau et ses cheveux calamistrés, passe ses soirées au bistrot. La brave, la pauvre Delia, fait des piqûres chez les gens, de la couture et assemble des parapluies. La fuite constituerait la solution. Cette ménagère de moins de 50 ans ne l’entend pas de cette oreille. Arrive une lettre qui a des chances de changer son destin. Il ne faut surtout pas que l’époux brutal tombe dessus. 1946 approche. Les femmes auront bientôt le droit de vote. Quel suspense ! La ville se relève de ses décombres. Paola Cortellesi la filme dans un noir et blanc léché, propret, style publicité pour pâtes al dente. La débutante hésite sur le ton à donner, néoréalisme ou comédie italienne. N’est pas Dino Risi qui veut. Si le propos est louable, touchant, la naïveté conduit ici à la maladresse, avec une bande-son anachronique, des chansons à la guimauve et des accents de roman-photo. É.N.

Content Source: www.lefigaro.fr

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