Le vaudeville signé Yvan Attal, qui embarque Maïwenn et Guillaume Canet dans sa galère, déborde de clichés au service d’une intrigue cousue de fil blanc.
Parce que c’était lui. Parce que c’était moi. Mathieu doit tout à Vincent. Ce dernier lui a sauvé la vie, lui a offert un poste dans son agence d’urbanisme, l’a poussé à s’installer sur la Côte d’Azur. Leurs épouses s’entendent à merveille. Dîners, parties de golf, virées en bateau, la vie est belle. Il y a un hic : Vincent (Guillaume Canet) a une liaison. Ça, son ami Mathieu (Yvan Attal) ne le supporte pas. La situation le plonge dans des affres pas possibles. On voit que certains gardent des principes. La chose est rassurante dans une époque où les valeurs se perdent.
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Défaut de suspense
Tout cela n’est pas très crédible, mais part d’un bon sentiment. Le vaudeville va se compliquer avec la mort de la maîtresse. On plonge alors dans une intrigue cousue de fil blanc, avec voix off bien balourde et envahissante, soulignant la détresse et la lucidité du héros. Attal est en nage et boit du whisky. Canet pique sa midlife crisis. Maïwenn gifle sa rivale. Marie-Josée Croze demeure droit dans ses bottes (encore un scotch, mon amour ?). Est-ce parce que tout cela se déroule chez les promoteurs ? Les dialogues sont en béton armé. « La femme que j’aime est morte. Froide. Autopsiée. Morte. » On dirait du Duras.
Les clichés pleuvent, malgré le climat méditerranéen. Perte de téléphone portable, cocktails sur des yachts de milliardaires (indiens, les milliardaires), accidents de voiture providentiels, les scénaristes ne lésinent pas. Malgré une musique à la Bernard Herrmann, compositeur favori d’Alfred Hitchcock, la région ne réussit décidément pas aux thrillers français. Le douloureux souvenir de Visions, signé Yann Gozlan, pèse encore sur les mémoires. Si le suspense est ici assez faible, il reste toutefois un mystère : où est passé le cinéaste léger et dégourdi de Ma femme est une actrice ? Yvan Attal a refusé de montrer son film aux critiques. Il n’a pas eu tort. C’est la seule bonne idée qu’il ait eue dans toute cette histoire. Citer plus ou moins Mallarmé constitue en revanche une sacrée bévue. La tentation est trop grande de paraphraser le poète : un coup de dés n’abolira jamais le nanar.
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