CRITIQUE – En s’inspirant d’un secret de famille soigneusement tu par sa grand-mère, Katell Quillévéré met en scène une grande histoire d’amour où le tragique le dispute au romanesque.
Le film Le Temps d’aimer s’ouvre par des images de la Libération, la plupart inédites et saisissantes. Des femmes tondues, dénudées, humiliées par des hommes virils. L’une d’elles est aspergée d’eau par une lance à incendie devant une foule satisfaite. Le glissement du réel à la fiction se fait discrètement. Les archives laissent place à une séquence en noir et blanc. Une femme court dans les rues d’un village de Bretagne. Son ventre est rond et recouvert d’une croix gammée qu’elle s’efforce d’effacer.
1947. Une première ellipse et les cheveux de Madeleine (Anaïs Demoustier) ont repoussé. Elle est serveuse à l’hôtel-restaurant Beau Rivage. Elle élève seule son fils, Daniel. Sur une plage, elle rencontre François, étudiant parisien en archéologie, fils de bonne famille. Il boite légèrement, séquelle de la poliomyélite. Ils s’embrassent devant un lever de soleil. Cela ressemble à de l’amour. Ils se marient. En s’installant à Paris, Madeleine fuit la honte et l’opprobre. Elle emporte avec elle…
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