À la surface, Touche Il semble que ce soit un changement de rythme soudain pour le réalisateur islandais Baltasar Kormákur, un film calme et soigné inspiré du livre (dans ce cas, le roman du même nom de son compatriote Ólafur Jóhann Ólafsson) qui pourrait facilement passer pour une présentation de la BBC. Il s’accorde cependant avec sa production de thrillers d’action, étant l’histoire d’un homme en mission ; il faut l’admettre, rien à voir avec les lions sauvages (Bête2022), alpinisme (Everest2015) ou les cartels de la drogue colombiens (Contrebande2012), mais un public plus âgé réagira au voyage périlleux de son héros dans le passé, risquant le Covid et la désapprobation de sa belle-fille dans sa tentative de résoudre un mystère qui le hante depuis 50 ans.
S’il n’y avait pas les sous-titres, on jurerait qu’il s’agit d’un film britannique du début des années 2000, suivant les conventions de la littérature britannique établies au fil du temps par les adaptations cinématographiques de best-sellers tels que celui d’Ian McEwan. Expiation et Sur la plage de Chesilou celui de Graham Swift Dernières commandesou celui de Julian Barnes Métroland. Ensemble, ils forment une sorte de cinéma du regret, et à part Expiationse concentrent principalement sur les hommes qui trouvent leur vie presque terminée avec un morceau manquant encore.
Ici, cet homme, c’est Kristofer (Egil Ólafsson), un restaurateur récemment veuf qui a encore du mal à accepter sa nouvelle vie seul. Kristofer a des problèmes de santé, doit rendre des résultats urgents d’IRM et, pour garder l’esprit alerte, il a un rituel quotidien qui commence à 5h30 du matin, en récitant son numéro de sécurité sociale, le menu du jour et un haïku japonais. Ce matin-là, cependant, va être différent. Après avoir pêché une boîte pleine de souvenirs, Kristofer sort de vieux cahiers et quitte son restaurant sans l’ouvrir, mettant à la place un panneau sur la fenêtre suggérant qu’il ne sera plus ouvert avant un certain temps. Après s’être excusé devant une photo de sa défunte épouse, il se rend à l’aéroport et monte à bord d’un avion pour Londres, ignorant les avertissements d’une épidémie mortelle.
Nous sommes en 2020 et Kristofer arrive fin mars, quelques jours avant le confinement mondial, où il s’installe dans un hôtel incroyablement snob. Dans un flashback, nous voyons à quel point sa vie a changé : 50 ans plus tôt, il est désormais un hippie idéaliste (Pálmi Kormákur) étudiant à la London School of Economics. Ses amis veulent changer le monde, et « Give Peace a Chance » du groupe The Plastic Ono Band est la bande-son de leur révolution, discutée autour de pintes de bière dans des pubs enfumés. Kristofer, cependant, s’ennuie de leurs discussions et abandonne ses études, acceptant un emploi de plongeur au Nippon, un restaurant japonais – ce qui aurait été très inhabituel pour l’époque – dirigé par M. Takahashi (Masahiro Motoki).
M. Takahashi s’éprend de Kristofer, et Kristofer s’éprend de la fille de M. Takahashi, Miko (Kôki Kimura). Au début, Miko ne partage pas ses sentiments, et Kristofer est consterné de découvrir qu’elle a un petit ami japonais. Au fil du temps, cependant, les deux se rapprochent, et Miko finit par tomber amoureuse de lui après l’avoir entendu chanter une chanson traditionnelle islandaise lors d’une fête d’anniversaire. Miko, cependant, ne veut pas dire cette nouvelle à son père, et le couple mène sa liaison en secret. En rendant visite à Miko chez elle, Kristofer commence à reconstituer l’histoire de sa famille : M. Takahashi a échappé de peu à la mort lorsque la bombe atomique a atterri sur Hiroshima en 1945, tuant 100 000 personnes en neuf secondes. Miko est née la même année, et sa mère est morte peu après d’une maladie due aux radiations.
Lorsque M. Takahashi comprend enfin, il réagit en fermant le restaurant et en rentrant au Japon, emmenant Miko avec lui. Kristofer est le dernier à le savoir et retourne en Islande, où il épouse une vieille amie, adopte sa fille et essaie d’oublier Miko. Mais dans la dernière partie du film, Kristofer est déterminé à la retrouver, saute dans un autre avion pour tenter de découvrir ce qui s’est passé et arrive à Tokyo juste au moment où le Japon est sur le point de fermer ses portes.
La chose étrange est que, Touche Le film ne bénéficie pas vraiment de son contexte Covid-19, car il ne semble pas empêcher le vieil homme de sauter d’avion en train, et personne ne semble vraiment respecter la distanciation sociale (même lorsqu’on leur dit qu’ils doivent le faire). Mais il y a quelque chose de charmant dans la persévérance de Kristofer, et les deux périodes correspondent étonnamment bien grâce à un montage judicieux. L’introduction soudaine d’Hiroshima est un peu lourde, ce qui conduit à un dénouement poignant qui a probablement été traité avec plus de sensibilité en prose qu’à l’écran. Mais il existe un rapport entre les jeunes acteurs qui donne à la quête du plus âgé Kristofer un véritable sens : la retrouvera-t-il ou non ?
Le film de Kormákur ne réinvente pas la roue, mais il a ses petites idiosyncrasies dans un genre qui peut être très Les films de flashback ont tendance à s’appuyer sur des aiguilles pour évoquer la période, mais Touche Les chansons de Kristofer sont utilisées avec parcimonie, notamment par Nick Drake, qui fait un usage dévastateur de ce titre. Mais l’utilisation de Lee Hazlewood, le Serge Gainsbourg de l’Americana qui a vécu ses derniers jours en Suède, est plus que magistrale. Dans le Kristofer plus âgé, on retrouve plus qu’une touche de l’opus de Hazlewood de 1966, « My Autumn’s Done Come », une comédie d’adieu qu’il a écrite à la trentaine. « Laissez-moi tranquille, bon sang », se termine le morceau, « laissez-moi faire ce que je veux ».
Titre: Touche
Distributeur: Fonctionnalités de mise au point
Date de sortie: 12 juillet 2024
Directeur: Baltasar Kormákur
Scénaristes : Ólafur Jóhann Ólafsson, Baltasar Kormákur
Casting: Egil Ólafsson, Pálmi Kormákur, Kôki Kimura, Masahiro Motoki
Notation: R
Durée : 2 heures
Content Source: deadline.com