Pour les fêtes, l’Opéra de Zurich a repris Barkouf, un opéra-bouffe quasiment jamais donné d’Offenbach dans une mise en scène décapante et à la baguette Jérémie Rhorer dans une interprétation tout en nuances
Offenbach est de nouveau à l’honneur à Zurich ! À la baguette pour diriger l’orchestre de ce superbe théâtre à l’italienne, le chef français Jérémie Rhorer. Au programme, Barkouf, une œuvre rare qui fit, à sa création, un bide retentissant. C’était en 1860 et l’œuvre ne fut donnée que sept fois. Cette version très enlevée, parfois osée, est tellement surprenante qu’elle enchante le public zurichois, pourtant très bourgeois et souvent très conventionnel. S’il est souvent border-line, s’il en fait trop dans la démonstration et dans l’originalité, fort heureusement, le metteur en scène Max Hopp ne franchit pas la ligne de l’inacceptable. L’orchestre est parfait, son chef lui fait épouser toutes les finesses de cette musique plus proche de l’opéra classique que de l’opéra-bouffe. Et ce, avec des pleins et des déliés si judicieux qu’on trouve plus de nuances dans la fosse que sur la scène – n’en déplaise au metteur en scène. Un (gros) bémol toutefois, le texte interprété par des chanteurs dont aucun n’est francophone est incompréhensible. Et pourtant, tous sont vocalement excellents, surtout la mezzo bulgare Svetlina Stoyanova et la soprano américaine Brenda Rae. Pour rendre la pièce plus attractive, le metteur en scène a ajouté un récitant qui révèle les ressorts de cette histoire à dormir debout, et il est parfait : dès son apparition, tout de vert vêtu, Daniel Hajdu crée une formidable complicité avec le public. En deux mots et trois gestes, il met la salle dans sa poche. Les costumes sont très pertinents et la danse très avenante. Quant à la chorégraphie, elle a réussi à donner aux plages musicales une vraie modernité que servent d’excellents danseurs. Bref, une soirée hors norme et pourtant très sage.
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