VIDÉO — Entrée au répertoire de l’opéra de Paris, l’œuvre superbe mais peu jouée du compositeur Italien, souffre d’une mise en scène très conventionnelle de Peter Sellars. Une production sauvée par une distribution exceptionnelle.
De cet opéra, je ne vous raconterai pas la sinistre histoire d’amour et de jalousie, pimentée de torture, de trahison et d’assassinat. Vous risqueriez de passer votre chemin. Et ce serait tellement dommage ! Situé au XVe siècle en Lombardie, ce drame réel dont s’inspira Bellini pour son avant-dernier opéra, est devenu sous sa plume une merveille musicale.
Créé en 1833 à la Fenice de Venise, Beatrice di Tenda n’est sûrement pas – sans qu’on sache pourquoi – l’une des plus connues de la dizaine d’œuvres du compositeur italien, bien loin de Norma ou des Puritains. Est-ce parce qu’elle fit un four à sa création que cette pièce est restée la mal aimée des producteurs ? L’injustice est réparée : Beatrice di Tenda fait enfin son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris. Cette nouvelle production est donc un évènement en soi,- même si on a connu un Peter Sellars moins conventionnel et surtout moins premier degré dans la mise en scène qu’il a imaginée, somme toute très lisse. Et puis quelle affiche ! Et quelle distribution ! Et quelle émotion musicale, avec un summum au deuxième acte !
Labyrinthe bucolique
Bellini évite les excès lyriques propres à l’opéra italien du XIXe, et impose son génie dans la succession d’airs chantés avec d’infinies nuances, où prime la qualité de la mélodie. On est ici dans la quintessence de la musique romantique que servent admirablement les six protagonistes comme Tamara Wilson dans le rôle de Beatrice, ou Pene Pati dans celui d’Orombello, pour ne citer qu’eux. Le décor est une sorte de labyrinthe bucolique comme l’aimaient jadis les courtisans du roi pour, incognito, séduire ou ourdir des complots. Avec ce parti pris surprenant : les chanteurs y évoluent en habits d’aujourd’hui. Mais qu’importe ! La musique emporte tous les suffrages : incroyable, enivrante, céleste et tellement bien jouée par l’orchestre, les chœurs et les solistes. Du très grand art !
Opéra Bastille jusqu’au 7 mars
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