Oser être au sommet
Si c’est le nom de Taylor Swift qui a été sur toutes les lèvres cette dernière année, celui de Billie Eilish est celui qui s’est affiché le plus souvent sur les plateformes d’écoute des mélomanes. Moins flamboyante et au premier plan, Eilish est toutefois l’artiste féminine la plus écoutée sur la plateforme Spotify, avec plus de 105 millions d’auditeurs mensuels. Douze de ses chansons ont plus de 1 milliard d’écoutes. Son plus récent album, Hit Me Hard and Soft, a largement dépassé les attentes, alors que son prédécesseur, Happier Than Ever, n’avait pas connu le succès populaire du premier, When We All Fall Asleep, Where Do We Go ?.
« Même si on parlait moins de Billie Eilish ces derniers temps, elle fait partie des forces très vives dans la pop, où on retrouve aussi Chappell Roan ou Sabrina Carpenter », observe Danick Trottier, professeur de musicologie au département de musique de l’Université du Québec à Montréal. « Bien sûr, on remarque que toutes ces artistes sont des femmes. Le côté très féminin et le statut d’autrice-compositrice-interprète sont très présents dans la pop en ce moment. »
Brusquer les codes
Selon Danick Trottier, « Billie Eilish représente une autre option dans la pop », une option sans hypersexualisation, où l’on présente un côté introspectif, personnel, émotif. « Elle aborde des thèmes rattachés à ses états d’âme, ses difficultés, inspirés de ses histoires d’amour, mais aussi son syndrome de la Tourette ou son état dépressif, par exemple. » Sur Hit Me Hard and Soft, un nouveau thème a fait son apparition : l’amour de Billie Eilish pour les femmes, que la première pièce, LUNCH, décrit sans équivoque.
Encore une fois, l’autrice-compositrice-interprète n’hésite pas à se montrer vraie, ce qui accroche particulièrement son public principalement adolescent, soulève Danick Trottier. « Quand elle est arrivée, personne ne faisait ça à part Lana Del Rey. » Selon l’expert, l’artiste a formé un lien très fort avec l’influence de la musique électronique, tout en gardant un statut d’autrice-compositrice-interprète. « La voix et les textes ne sont pas en arrière-plan, dit-il. Ses textes sont d’ailleurs plus profonds que la moyenne. »
Quant à la voix, qui s’est encore plus déployée sur ce dernier album, « c’est la pierre angulaire dans la réception qu’elle reçoit » du public et de la critique. « Elle a beaucoup de variété vocale, un registre très intéressant, où elle va chercher du mouvement. » Les deux éléments qui la démarquent : « son intensité, la façon dont elle commence doucement et monte la voix et, d’autre part, son timbre, avec un grain toujours différent d’une chanson à l’autre ».
Une tournée écologique
Billie Eilish se distingue au-delà de la musique par ses engagements sociaux et politiques. Elle a par exemple récemment publié une vidéo en appui à la candidate démocrate Kamala Harris. Ses convictions, particulièrement écologiques, teintent également ses spectacles. Son équipe et elle ont prévu une tournée dont l’empreinte écologique serait la plus basse possible, en partenariat notamment avec Google Maps, alors que plus de 70 % des émissions carbone d’un spectacle sont émises par les spectateurs, selon un communiqué.
« La tournée se concentre sur quatre axes super importants : la disponibilité d’un menu végane, qu’on a ajouté [au Centre Vidéotron] pour la soirée ; le transport collectif, pour lequel on avait déjà un partenariat pour avoir des navettes autour de l’aréna ; le recyclage et le compostage, pour lesquels on se positionne encore une fois assez bien, puisqu’on a les installations nécessaires ; et, finalement, la disponibilité de l’eau, qui demande qu’on accepte les bouteilles réutilisables exceptionnellement et qu’on ajoute les deux stations d’eau de la tournée dans les couloirs », décrit Dominique Goulet, directrice de la programmation du Centre Vidéotron de Québec.
Se préparer au Québec
La présence de Billie Eilish à Québec pour la toute première date de sa tournée n’est pas un hasard. Le Centre Vidéotron permet à la gagnante de neuf prix Grammy de prendre tout son temps pour s’installer et de se préparer pour la tournée à venir, qui la mènera un peu partout en Amérique du Nord, en Europe, ainsi qu’en Australie. « Ils sont arrivés le 24 septembre pour faire le montage, explique Dominique Goulet. Pour eux, c’est aussi le premier spectacle à l’extérieur de leur salle de répétition à Los Angeles, leur première vraie répétition, donc ils prennent le temps de bien roder les choses. »
Le Centre Vidéotron a ainsi été choisi pour cette option que des arénas accueillant des équipes sportives n’ont pas. « On a tourné ce désavantage en notre faveur, conclut Dominique Goulet. Notre calendrier est flexible et c’est attrayant pour des intervenants [comme Billie Eilish]. » Plus de 4000 Montréalais se rendront à Québec pour le concert, tout comme beaucoup d’autres admirateurs de différentes régions du Québec et même de l’extérieur du pays.
Extrait de L’amour de ma vie
Billie Eilish au Centre Vidéotron, dimanche 29 septembre
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