NOUS Y ÉTIONS – Avant l’Accor Arena le 22 décembre prochain, nous avons assisté mardi au concert lillois du chanteur pop. Un concert spectaculaire, à la scénographie époustouflante.
Dans la foulée de son dernier album, le très bon Tirer la nuit sur les étoiles, sorti au printemps dernier, Étienne Daho s’est embarqué à la rentrée dans une tournée des très grandes salles. En point d’orgue d’une épopée qui l’entraînera sur les routes une bonne partie de l’année prochaine – avec une dizaine de festivals d’été à la clé – le chanteur se produira pour la première fois à l’Accor Arena le 22 décembre prochain.
Un grand pas pour cet habitué de l’Olympia, salle parisienne dans laquelle il se produit régulièrement depuis le sacre de l’année 1986, début de ce qu’on allait appeler Dahomania. C’est à Lille, dans le cadre du Zénith, mardi 5 décembre, que nous avons pu découvrir le très spectaculaire show mis au point pendant quatre mois par l’artiste et ses équipes. D’emblée, on est impressionné par l’ouverture de scène, très large. La chaleur du public lillois – un des meilleurs de France – fait de l’entrée en piste d’Étienne Daho une célébration vive et colorée. Entouré de huit musiciens, qu’il présente dès le début du spectacle – Jean-Louis Piérot, claviers et guitare, François Poggio, guitare, Colin Russeil, batterie, Marcello Giuliani, basse, ainsi qu’un quatuor à cordes – Daho rayonne dès les premières notes de L’invitation, un titre tout à fait de circonstances. Derrière lui, et tout autour des musiciens, un extravagant dispositif constitué d’écrans et de figures réglés par les Français de Mathematic Studio avec beaucoup de goût. Les néons surpuissants éclairent les lettres D.A.H.O façon Elvis à Las Vegas. En veste pailletée, très chic, la silhouette intacte, le chanteur n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour faire succomber la salle.
Rétrospective de sa carrière
Avec ce spectacle réglé et méticuleux, Étienne Daho offre une saisissante rétrospective d’une carrière sans faute qui couvre les quatre dernières décennies. Tous les albums sont cités, sauf Mythomane, de 1981, et Blitz, de 2017. Aucun des nombreux tubes qui ont jalonné ce beau parcours ne manque à l’appel. Le public est à la fête, les musiciens aussi, qui s’effacent derrière des arrangements élégants et jamais tapageurs. Entre pièces intimistes et tentations clubbing, Daho ne choisit pas, et c’est tant mieux.
Bien sûr, la présence des cordes rehausse la puissance des torch songs qui font partie du répertoire du chanteur. Sur Soudain, pièce tirée de l’album Eden, Daho se fait crooner avec beaucoup d’aisance. Du Phare, une des meilleures chansons du dernier album, la star lâche qu’elle est née dans les embruns bretons. Le Rennais d’adoption n’oublie jamais de citer la région qui l’a vu démarrer sa carrière. Il n’omet jamais de citer ses inspirations : les couples Elli Medeiros/Jacno, Françoise Hardy/Jacques Dutronc, et Jane Birkin/Serge Gainsbourg. «Un jour, Serge m’a invité chez lui rue de Verneuil. Je n’en suis jamais sorti», raconte-t-il avant d’interpréter son Comme un boomerang, qu’il avait ressuscité en 2001 avec la regrettée Dani.
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Mais la force de l’artiste est de ne jamais céder à la nostalgie, mais de continuer à aller de l’avant. Pas avare en anecdotes, il raconte la genèse de certains classiques comme Des heures indoues, dernier morceau enregistré sur l’album Pour nos vies martiennes. Il narre aussi la présence de Jeanne Moreau, qui dansa tout au long d’un de ses concerts avant de se présenter à lui dans les loges, le jour où il lui proposa d’enregistrer avec elle le Condamné à mort de Jean Genet mis en musique par Hélène Martin. Il reprend aujourd’hui Sur mon coup, extrait d’une collaboration exigeante qui lui avait donné une assise nouvelle en 2010, et avait permis l’écriture de son meilleur album, Les chansons de l’innocence retrouvée, sorti en 2013, dont il interprète L’homme qui marche. «Une de mes préférées, composée avec Jean-Louis Pierot par fragments, comme si elle s’écrivait toute seule», livre-t-il.
L’enchaînement Duel au soleil, En surface (écrite et composée par Dominique A) et Tombé pour la France constitue une des plus belles séquences de la soirée, dans une alternance entre douceur et pulsations. Bleu comme toi est jouée très rock brut, Le premier jour (du reste de ta vie) très pop anglaise et Week-end à Rome un peu trop boum boum, mais Daho montre l’amplitude de son registre avec une belle maîtrise vocale. Vanessa Paradis, présente dans la salle, ne le rejoint pas pour leur duo Tirer la nuit sur les étoiles mais est présente vocalement et physiquement dans la sono et sur les écrans. De bout en bout, la scénographie est époustouflante. Après un rappel et un changement de tenue, Étienne Daho, très touché par la chaleur de l’accueil, se met déjà en ordre de marche pour la prochaine étape de cette tournée mémorable.
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