Festival international de jazz de Montréal | Groover avec Norah Jones

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On attend depuis longtemps que Norah Jones offre un concert à la hauteur de ce qu’on sent palpiter dans ses meilleurs disques. C’est enfin arrivé : mardi soir, elle a quitté sa zone de confort et presque fait groover la salle Wilfrid-Pelletier.


Le petit miracle est survenu un peu avant le milieu du concert. Confinée jusque-là à son piano blanc, Norah Jones s’est levée pour prendre place derrière un piano Wurlitzer que ses techniciens venaient de placer au centre de la scène. Debout derrière l’instrument, elle a lancé I’m Awake, rêverie éveillée au groove ludique tirée de Visions, son disque le plus surprenant en carrière et son meilleur depuis longtemps.



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On a déjà vu Norah Jones se tenir debout au centre de la scène. On ne l’avait toutefois jamais vue s’abandonner comme ça aux ondulations de la musique, se laisser prendre au corps et enfin se montrer habitée par ses chansons. Ce ne fut pas qu’une vision vite envolée : la chanteuse a enchaîné, toujours au Wurlitzer, I Just Wanna Dance, chanson pendant laquelle une boule disco a fait tourner sa lumière sur l’habillage de scène coloré.

On n’aurait jamais cru écrire un jour qu’il y avait une boule disco sur scène dans un concert de Norah Jones. Comme on ne s’attendait pas au virage soul, rétro et groovy opéré sur Visions, son album publié en mars et créé avec Leon Michels (Sharon Jones & The Dap-Kings, Els Michels Affair).

L’esprit de liberté – pour ne pas dire de libération – qu’on a senti sur ce disque s’est totalement transporté sur scène. Ce qui est une très bonne chose.

On avait beaucoup vu Norah Jones se cantonner au confort de son banc de piano au fil des ans et offrir des concerts tellement feutrés qu’ils en devenaient un peu ennuyants. C’était beau, ça frisait souvent la perfection, mais c’était souvent trop lisse pour remuer les tripes. On a craint que ce soit la même chose, mardi, en scrutant la disposition des instruments et en constatant qu’aucun micro sur pied ne trônait au centre de la scène.

Norah Jones avait donc amorcé le concert derrière un piano, un instant après qu’un technicien de scène eut déposé une tasse près de son instrument. On a d’abord songé à une eau chaude au miel et au citron, décoction bonne pour la gorge. L’instant d’après, on s’est demandé si ce n’était pas plutôt une boisson ultra caféinée du genre Red Bull : il y avait déjà quelque chose de plus brut, de presque nerveux, tant dans le chant de la musicienne que dans son jeu de piano.

Soutenue par deux choristes et musiciennes (dont l’une était, sauf erreur, Sasha Dobson), la chanteuse aux 50 millions d’albums vendus poussait et modulait sa voix comme jamais, rendant ses interprétations captivantes. Son jeu au piano ne se perdait pas dans les fioritures et gardait l’authenticité du blues, bien appuyé par le bassiste Josh Lattanzi et l’exceptionnel Brian Blade à la batterie, cool et inventif, comme toujours.

Norah Jones n’avait personne à conquérir, mardi, lors du premier de ses deux concerts au Festival international de jazz de Montréal : la salle, complètement remplie bien entendu, l’avait acclamée avant même qu’elle ne pousse une seule note. La foule a manifesté bruyamment son bonheur tout au long de la soirée, notamment au moment de vieux titres comme Sunrise, tirée de Feels Like Home, et Come Away with Me, chanson titre de son premier album, qui a connu un succès aussi grand qu’improbable il y a 20 ans et des poussières.

Le plus beau dans tout ça, c’est que la salle l’a suivie les yeux fermés dans ses envies d’aujourd’hui.

Car Norah Jones ne s’est pas seulement lâchée pendant deux chansons au Wurlitzer, elle a passé presque toute la deuxième partie de son concert au centre de la scène, guitare électrique en bandoulière, pour interpréter des morceaux nouveaux (les deux tiers de son dernier disque) et des chansons anciennes (Little Broken Hearts, notamment). Elle s’est même offert un solo sur Queen of the Sea, c’est dire !

Ne haussons pas trop les attentes : Norah Jones ne s’est transformée ni en véritable rockeuse, ni en véritable chanteuse soul. Elle s’est toutefois lâchée comme jamais et, même si elle reste peu bavarde, son plaisir était communicatif. On n’avait jamais autant tapé du pied ni dansé sur son siège dans un de ses concerts. Quand le groove est là, ça ne ment pas !

Norah Jones se produit de nouveau à guichets fermés ce mercredi à la Place des Arts.



Content Source: www.lapresse.ca

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