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Festival international Nuits d’Afrique | Montréal, ville brésilienne !

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La communauté brésilienne du Grand Montréal a beaucoup grandi au cours de la dernière décennie. Sa présence se traduit notamment par l’augmentation de soirées forró. Rencontres et explications avec des Brésiliens d’ici, dont la chanteuse Bïa, qui se produit jeudi au Festival international Nuits d’Afrique avec le groupe Maracujá.




Soir de juin dans le parc de la Petite-Italie. De jeunes filles pas encore adolescentes esquissent quelques pas, non loin du pavillon situé près de la rue Saint-Zotique. Ces enfants ne s’exercent pas à la tarentelle, mais au forró, danse à laquelle des couples s’adonnent sous l’abri circulaire faiblement éclairé au son d’une musique dominée par l’accordéon et les rythmes d’un tambour.

Ce n’est pas une incongruité dans la Petite Italie : des Brésiliens installés ici se donnent rendez-vous dans ce parc presque tous les vendredis soir durant la belle saison. « On ne discute pas beaucoup quand on vient ici : on se rassemble, on s’échauffe un peu et on danse », précise l’autrice-compositrice-interprète Bïa, née au Brésil et Montréalaise d’adoption depuis environ 20 ans.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Un ensemble de forró traditionnel compte un tambour (Carlos Henrique), un accordéon (Juninhi Dias) et un triangle (Flavia Nascimento, aussi chanteuse). Jusqu’à tout récemment, ce trio se produisait régulièrement au Pub La Cale, rue Saint-Hubert.

Des soirées de musique brésilienne, il y en a de plus en plus dans la région métropolitaine. Aux soirées de samba se sont ajoutés plusieurs rendez-vous consacrés au forró, style musical emblématique du nord-est du Brésil, dont on entendait peu parler il y a quelques années seulement. Ces rassemblements où se mêlent musique et danse ont lieu dans différents quartiers, mais entre autres dans La Petite-Patrie et Le Plateau-Mont-Royal. Le forró sera aussi au cœur d’un festival qui renaît à la fin du mois de juillet après une pause pandémique.

Une communauté en croissance

L’essor de la musique brésilienne dans la région de Montréal découle, selon plusieurs observateurs, d’une augmentation de l’immigration en provenance du plus grand pays d’Amérique du Sud depuis une quinzaine d’années. Le consulat général du Brésil à Montréal n’a pas de chiffres officiels à partager, mais confirme une croissance de la communauté. Des données croisées de la Ville de Montréal et du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec confirment aussi une tendance à la hausse.

Maria Julia Guimarães, du Centre d’intégration Brésil-Québec, estime que la population québécoise d’origine brésilienne compte environ 15 000 personnes, c’est-à-dire presque le double de ce que le ministère de l’Immigration du Québec constatait en 2016. La majorité de ces gens vivent dans la grande région de Montréal. Ce phénomène migratoire est assez marqué pour avoir incité Carla Castilho Simon, une Brésilienne désormais établie à Chambly, d’y consacrer son mémoire de maîtrise en études internationales à l’Université de Montréal.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les Brésiliens qui s’installent au Québec recherchent entre autres la sécurité, selon Carla Castilho Simon, qui a signé un mémoire sur le sujet à l’Université de Montréal.

Elle qualifie ce mouvement de population d’immigration « lifestyle » (style de vie). Les Brésiliens qui s’établissent au Québec ont presque tous un profil semblable, a-t-elle constaté : ils proviennent de la classe moyenne, sont éduqués et à la recherche de liberté et de sécurité. Comme elle, ils fuient notamment la violence urbaine.

Avant de venir ici, mon conjoint et moi, on s’est fait attaquer à Porto Alegre. Quelqu’un avec une arme nous a fait sortir de l’auto pour tout voler. Honnêtement, je dirais que 70 % des Brésiliens que je connais ici ont vécu ce genre de violence là.

Carla Castilho Simon

Une culture à partager

Le compositeur Gabriel Schwartz fait partie de ces gens qui ont quitté le Brésil pour mener une vie « plus pacifique » en 2018. Il se produit désormais avec Yves Lambert, pilier de la musique traditionnelle québécoise, et bien d’autres musiciens brésiliens dont Lara Klaus (au sein de Forró de La) et Bianca Rocha. L’augmentation du nombre de soirées brésiliennes lui semble aussi une évidence.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Schwartz, à droite sur la photo, s’est produit au Festival international Nuits d’Afrique l’an dernier avec le groupe Forró de La.

« Les gens qui viennent ici ont un niveau d’éducation plus élevé et ont souvent une connaissance plus vaste de la culture brésilienne, souligne encore Maria Julia Guimarães. Ils ont aussi envie de recréer l’ambiance du pays pour rester proches de leurs racines et alléger le choc culturel. »

Bïa insiste toutefois pour dire que la communauté brésilienne n’est pas du tout repliée sur elle-même ; elle est très accueillante et aussi très désireuse de partager sa culture. Les évènements consacrés au forró, notamment, offrent d’ailleurs souvent la possibilité de participer à des ateliers qui permettent d’apprendre les pas de base. Bïa avance aussi que le forró – traditionnellement basé sur un accordéon, un tambour et un triangle – a « humblement » pris la place qu’il a aujourd’hui à Montréal justement parce qu’il est possible de le danser sans devoir apprendre des pas compliqués.

« Ce qui est intéressant à Montréal », dit aussi André Galamba, bassiste qui jouera avec Maracujá et Bïa au Festival international Nuits d’Afrique jeudi, « c’est qu’il y a beaucoup d’artistes qui mettent de l’avant leur propre travail, des compositions originales, plus sophistiquées, qui vont parfois vers le jazz et montrent un visage de la musique brésilienne qui n’est pas toujours mis en valeur dans les médias, loin de l’image du carnaval. »

« Il y a un moment où les gens se sentaient obligés de mettre des filles avec des plumes [pour parler de la culture brésilienne]. C’était toujours la même carte postale. Je trouvais ça à la limite gênant, avoue Bïa. Ce qui se fait maintenant est beaucoup plus près des racines et ressemble plus à ce qu’on fait entre nous. »

Bïa et Maracujá

PHOTO MARIKA VACHON, LA PRESSE

De gauche à droite : André Galamba, Bïa et Sacha Daoud

Les musiciens du groupe Maracujá et Bïa se connaissent depuis longtemps. Ils partageront la scène le 11 juillet, à 21 h, au Théâtre Fairmount, dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique pour un concert qui mêlera leurs répertoires respectifs. L’association, qui coule de source, selon le percussionniste Sacha Daoud, est d’abord une idée de la chanteuse. « Après la pandémie, j’avais des demandes pour des spectacles, mais je ne voulais pas jouer seule. J’avais envie de rassemblement. […] Je ne voulais pas que Maracujá soit mon backup band, précise-t-elle toutefois. Je voulais qu’on fasse une association de nos répertoires en mettant de l’avant la complicité qui existe entre nous. » Maracujá, complété par le chanteur Élie Haroun et le pianiste John Sadowy, flirte plus avec le jazz que Bïa, dont l’univers mêle notamment samba, forró et chanson.

Bïa à la radio

PHOTO MARIKA VACHON, LA PRESSE

La chanteuse brésilienne Bïa et son groupe lors d’une répétition

Bïa est de retour à ICI Musique pour un troisième été. L’émission diffusée les samedis de 18 h à 20 h met l’accent sur les musiques d’Amérique latine et du Brésil, des grands classiques aux formes actuelles. « Ç’a été un grand succès dès la première année », se réjouit Bïa, toujours extrêmement chaleureuse au micro. Sous le soleil de Bïa est réalisée par Marie-Pierre Bouchard.

Qui est Bïa ?

Autrice, compositrice et interprète, Bïa Krieger, dite simplement Bïa, est née au Brésil.

Elle s’est installée au Québec il y a environ 20 ans après un détour par la France.

Elle a publié plusieurs disques chez Audiogram et a notamment enregistré une version brésilienne d’Une chance qu’on s’a de Jean-Pierre Ferland sous le titre Que Bom Você.



Content Source: www.lapresse.ca

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