Le thème de la Virée cette année étant la Méditerranée, il était presque normal que la formation fondée en 2001 par Kiya Tabassian soit invitée à y participer. « C’est un thème qui m’est très cher comme musicien, comme humain, comme citoyen », confirme le grand maître du sétar et de la musique persane, qui est aussi compositeur et directeur artistique de la formation.
Le musicien né à Téhéran en 1976, qui est arrivé à Montréal avec ses parents à l’âge de 14 ans en 1990, n’a aucune racine turque, précise-t-il. Mais pour lui, l’ancienne capitale de l’Empire ottoman est un symbole très fort.
Si on s’appelle Constantinople, c’est parce que la Méditerranée symbolise depuis la nuit des temps ce carrefour entre les civilisations et les cultures qui sont autour. Cette mer ne sépare pas tous ces gens, elle les relie et fait le pont entre eux.
Kiya Tabassian, directeur artistique de l’Ensemble Constantinople
La rencontre est à la base du travail de l’Ensemble Constantinople, et du concert intitulé L’Égypte de Saint-Saëns qui aura lieu le 17 août à la Maison symphonique avec l’OSM dirigé par Rafael Payare.
« Ce sera une sorte de dialogue, de question-réponse, entre l’orchestre et Constantinople, entre le répertoire qu’ils vont jouer et les pièces que j’ai choisies. » En particulier des œuvres de Cantemir, compositeur moldave qui a vécu à Constantinople à la fin du XVIIe siècle, qui a justement fait une « synthèse entre la musique de tradition européenne et celle de tradition ottomane persane », explique Kiya Tabassian.
« Aussi, chaque ensemble a sa couleur. L’Orchestre symphonique a ses propres textures, et Constantinople, on arrive avec des instruments très différents, dans leur timbre, leur structure. Ce jeu de perspective entre les deux, le public va pouvoir l’entendre, ainsi que les nuances et la beauté que ça apporte. »
Esprit montréalais
L’Ensemble Constantinople fait aussi partie de la programmation gratuite de la Virée classique, et donnera un concert d’une heure dehors, le 16 août, sur l’esplanade Tranquille, en fin d’après-midi. Une proposition qui ravit Kiya Tabassian, qui trouve important de jouer partout, que ce soit dans les salles les plus prestigieuses, dans des églises ou dans la rue.
« Il y aura des gens qui seront là pour le concert, mais aussi des touristes, des passants, toutes sortes de monde qui seront attirés par la musique. C’est extraordinaire, ce que fait l’OSM : c’est l’objectif de tout musicien de ramener la musique au cœur de la cité. »
Et de faire connaître en particulier cette musique-là, « qui est différente, mais qui a sa place ». « Tu peux faire autre chose en l’écoutant, vagabonder dans tes pensées, mais elle t’amène dans les profondeurs de ta pensée et de ta personne. Et ces musiques, je pense que la société en a besoin plus que jamais. »
Ce sera aussi une occasion pour bien des gens de voir et entendre des instruments moins habituels : en plus du sétar, les musiciens de Constantinople jouent du kanun, du kemence, du tombak, du daf, de l’oud. C’est vrai, répond Kiya Tabassian. Mais il ajoute que Montréal est une ville cosmopolite et que pour certaines personnes, ces instruments rappellent simplement leur culture d’origine.
Il est là, pour moi, le dialogue. Ça va dans les deux sens. Il y a des gens qui vont découvrir de nouveaux instruments et une musique qu’ils n’ont jamais entendue, et d’autres que ça va toucher profondément, parce qu’ils connaissent ces instruments depuis leur enfance.
Kiya Tabassian, directeur artistique de l’Ensemble Constantinople
La Virée classique, qui arrive après des évènements comme les Francos et le Festival de jazz, représente bien la ville, juge Kiya Tabassian. « La culture bat dans les veines de Montréal tout au long de l’année. Ça circule sans cesse. » D’ailleurs, même si l’Ensemble Constantinople voyage partout dans le monde avec un répertoire issu d’une trentaine de cultures, l’orchestre est tellement ancré ici que pour le musicien, sa musique est montréalaise.
« Parce que la perspective est montréalaise et qu’elle représente notre mode de vie. La façon dont notre ville fonctionne, cette ouverture d’esprit, cet intérêt envers les autres, cette curiosité, cette créativité. Et tous ces éléments sont dans Constantinople. »
Le concert Passages — carrefour de la Méditerranée sera présenté gratuitement le 16 août, sur l’esplanade Tranquille, à 17 h 30. Le concert L’Égypte de Saint-Saëns sera présenté le 17 août à 13 h 30 à la Maison symphonique, avec l’OSM dirigé par Rafael Payare.
Consultez la page du concert Passages — carrefour de la Méditerranée
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