Le 16 janvier prochain, la maison Artcurial dévoile avec « Le temps est féminin » des lots inattendus sous le signe, entre autres, de Gérald Genta.
Derrière leur cadran, il reste tant à découvrir sur les montres vintages. À commencer par les poinçons mystérieux que l’on entrevoit parfois, gravés sur une corne, à l’intérieur d’un boîtier, voire sur un mouvement. Que peuvent-ils nous apprendre sur le périple d’une pièce ? On retrouve la trace de cette histoire partagée sur certains lots de la prochaine vente aux enchères « Le temps est féminin », organisée par Artcurial au sein de l’hôtel Hermitage de Monaco, le 16 janvier.
Aux côtés de pièces iconiques comme l’Ellipse de Patek Philippe et la Panthère de Cartier, y figure en toute discrétion un trio de classiques chics des années 1970 et 1980 signés Van Cleef & Arpels. À y regarder de plus près, au-delà du nom frappé sur leur cadran, elles recèlent une autre particularité contribuant à leur rareté : deux G inversés gravés sur leur boucle. La signification n’en apparaît qu’en regardant leur mouvement, signé d’un certain… Gérald Genta. En effet, non content de créer des designs hor logers entrés dans la légende, de la Nautilus de Patek Philippe à la Royal Oak d’Audemars Piguet, celui que l’on surnomme le Picasso des montres a collaboré avec la plupart des grandes maisons. Parfois en toute discrétion, d’ailleurs. « À la base, Gérald Genta était un sous-traitant, et le terme n’a rien de péjoratif, rappelle Marie Sanna-Legrand, directrice associée d’Artcurial, en charge du département horlogerie. À l’époque, il avait donc plutôt vocation à rester dans l’anonymat. Mais aujourd’hui, tout ce qu’il a créé suscite un véritable engouement. » On retrouve sur ces lots 121 (est. 5 000-7 000 euros) et 145 (est. 1 000-1 500 euros) le double G inversé gravé sur la boucle et un mouvement signé Genta.
Des indicateurs précieux pour remonter l’histoire des pièces
Si repérer et identifier les poinçons tient du réflexe en joaillerie, c’est moins le cas côté horlogerie. « Jusqu’à récemment, on y faisait peu attention sur les montres. Or ces poinçons de faiseurs de l’obscur sont des indicateurs précieux pour remonter l’histoire des pièces. » Ainsi, une autre cocréation Van Cleef & Arpels/Gérald Genta (lot 143 – est. 500-700 euros) ne se contente pas d’arborer un boîtier asymétrique. « Elle est aussi marquée d’un poinçon de maître aux initiales GL, séparées par une épée. Il s’agit de celui de Georges Lohac, un grand orfèvre parisien ayant collaboré avec de nombreux joailliers de la place Vendôme. Sur une montre vintage, il n’y a pas que la signature qui compte. Les poinçons nous en apprennent presque autant sur ces objets. »
On retrouve au gré de cette vente d’autres collaborations entre univers joaillier et horloger. Telle une pièce des années 1980, au cadran frappé d’une double signature Chaumet–Delaneau (lot 94 – est. 3 000-4 000 euros). C’est aussi le cas avec une magnifique montre Fleur à secret en or jaune et saphirs de 1938, également signée Van Cleef & Arpels (lot 158 – est. 35 000-45 000 euros). « Elle est estampillée du poinçon EK, pour d’Encausse et Krasker, précise Marie Sanna-Legrand. Une maison fondée en 1910, active jusqu’à la fin des années 1930. Elle fournissait des mouvements horlogers aux grands joailliers de la place Vendôme, comme Boucheron ou Boivin. » Enfin, le lot 95 (est. 3 000-4 000 euros) rapproche deux maisons dont on n’imaginerait pas qu’elles aient collaboré jadis. Cette montre à secret en or jaune (3), arbore un boîtier numéroté et signé Boucheron Paris, mais également siglé Omega. C’est en effet la manufacture suisse qui a mis au point son mouvement le 5 août 1958, avant de la livrer en France.
« Le temps est féminin » par Artcurial, le 16 janvier, 14 heures, hôtel Hermitage de Monaco.
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