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Alaïa, Jean Paul Gaultier par Simone Rocha, Armani Privé : ce qu’il faut retenir de la haute couture à Paris

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FASHION WEEK- Qu’est-ce que la haute couture ? Un voyage immobile pour Armani, un sublime design sur le fil chez Alaïa et un passage de témoin créatif chez Jean Paul Gaultier.

Heureux hasard, le défilé Armani Privé avait lieu, ce mardi, quasiment en même temps que l’annonce des nominations aux Oscars. Or, nul n’ignore que Giorgio Armani est un des couturiers fétiches de la plus prestigieuse des cérémonies de Hollywood. Au premier rang de cette haute couture de l’été 2024, le cinéma est bien présent, représenté par la très élégante Glenn Close, la blonde Gwyneth Paltrow en tailleur noir et Juliette Binoche aux longs cheveux lisses, souriante bien qu’on l’imagine déçue de l’absence de La Passion de Dodin Bouffant dans la catégorie meilleur film étranger… Heureusement, l’actualité de l’actrice étant bien remplie, elle profite sans doute de ce moment de mode pour travailler son rôle de Coco Chanel dans la série The New Look, dont les premiers épisodes sortiront le 14 février sur Apple TV+.

Mais la star chez Armani est… Armani. Le Milanais, qui fêtera ses 90 ans en juillet prochain, a toujours refusé qu’on lui dicte ce qu’il devait faire de sa maison et sur son podium. S’il s’est fait connaître dans les années 1970 par l’androgynie de ses tailleurs à la fois souples et minimalistes entre noir, grège et gris, désormais, il n’aime rien tant que l’hyperféminité de ses robes au plastron de dentelle dévoilant les seins. Les cascades de mousseline à pointes mouchoir constellées de cristaux colorés, et les volants scintillants décorés de broderies florales ou orientalistes se déclinent dans une palette de rose pâle, de vert jade, de fuchsia, de bleu nuit… Cette collection estivale de 92 modèles, intitulée Haute couture en jeu, explore, cette fois encore, l’idée d’« un voyage entièrement imaginé, de l’Occident à l’Orient (…), le rêve d’une femme qui, dans tous les lieux qu’elle visite, pioche quelque chose et se l’approprie, ne serait-ce qu’avec son imagination », selon la note d’intention. Gilets de pyjama à la Paul Poiret, pantalon bouffant en soie bleu pétrole, vestes à col quipao et minaudières en forme d’éventail complètent ce vestiaire hors du temps. L’assemblée se lève à l’apparition du maestro.

Collection haute couture Armani Privé de l’été 2024
Julien Da Costa

Juste avant, Pieter Mulier recevait dans la boutique Alaïa de la rue de Marignan ses invités au cours de trois défilés intimistes. Outsider dans cette semaine des collections superstars (Dior, Chanel…), la petite maison fondée par Azzedine fait cette fois encore des miracles. À l’origine de cet « été-automne » (oui, ici, même les saisons s’offrent un pas de côté), l’essence même de la mode : un fil. Il y a un peu plus d’un an, l’idée a germé dans la tête du directeur artistique anversois de développer différents tissus à partir d’un seul et même fil de laine. Le premier look, une robe courte à col montant, est fait de ces fils mérinos non teints et donc non tricotés. Puis ils sont « twistés » par plusieurs dizaines, ou au contraire affinés, travaillés à la machine ou selon des savoir-faire très particuliers pour devenir de la maille (sublime jupe à la découpe circulaire fendue jusqu’à la hanche), de la mousseline (travaillée en millefeuille sur un pantalon à la ligne courbe), de la fourrure de laine ourlant une minirobe ou en plastron sur une parka, mais aussi du faux denim (magnifique jean extra-large), du faux cuir, de la fausse popeline…

L’exercice textile et conceptuel est en réalité imperceptible, mais il a incroyablement nourri l’imaginaire de Pieter Mulier, créant une alchimie inédite avec l’atelier et les usines en Italie. « L’idée de cette collection est de faire le maximum avec le minimum, de réduire, de simplifier… à tous les niveaux, résume le talentueux directeur artistique. Par exemple, nous avons travaillé avec seulement deux partenaires industriels au lieu de cinquante habituels pour une collection dans n’importe quelle maison. Les gens sont beaucoup plus investis. De même, on n’a aucun déchet, aucun gaspillage. Même chose pour ce défilé en tout petit comité, quand, aujourd’hui, même les shows de haute couture ont lieu devant des milliers d’invités. Alors for cément, on parle plus des célébrités du premier rang que des vêtements. »

Ici, ni photocall ni stars en retard (par ailleurs, nombreuses à être fans de la marque, à l’image de Taylor Swift, qui, au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, était prise en photo toute d’Alaïa vêtue, dans la rue). Ici, donc, c’est le noyau dur de la mode, les amoureux de la création qui, assis par trois sur les très beaux fauteuils Mollo de Philippe Malouin, jettent leur regard laser sur cette silhouette néo-alaïesque, pure et dure, douce et sculpturale, monochrome ou à imprimé panthère. Celle-ci est basée sur le cercle parce que « les courbes des femmes, et les cercles d’amis, de la famille choisie, une idée essentielle à l’essence d’Alaïa ».

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Défilé haute couture Alaïa de l’été 2024
Filippo Fior / Gorunway.com

Une fois n’est pas coutume, nous avons été accompagnée dans la légendaire « maison » de Jean Paul Gaultier par une adolescente dont c’était le tout premier défilé. Comme chaque saison, les fans s’agglutinent devant le 325, rue Saint-Martin, tandis que les berlines à vitres fumées déversent les « amis » de la maison à l’entrée. La teenager, le sourire collé aux lèvres, photographie (comme tout le monde) les créatures en tout genre qui se prêtent à l’exercice. Il faut insister pour la faire rentrer, car le spectacle est aussi dans la salle chez JPG ! Avec, en meneuses de revue, l’actrice de Gossip Girl Kelly Rutherford et Kylie Jenner (sans Timothée Chalamet, dommage) pour la plus grande joie de notre jeune accompagnatrice. Et si elle ne reconnaît pas l’inoxydable Amanda Lear, elle connaît en revanche sa géniale chanson Follow Me de 1978 utilisée dans la dernière publicité Coco Mademoiselle de Chanel…

Au côté de la muse de Dali, Jean Paul, qui n’est plus en coulisses mais au premier rang depuis qu’il s’est retiré des podiums de la haute couture en 2020 et qu’il confie chaque saison les clés de son atelier à un designer chargé de réinterpréter l’iconographie de la maison. Après Julien Dossena de Paco Rabanne en juillet dernier, c’est au tour de la créatrice irlandaise Simone Rocha, très connue outre-Manche où elle a lancé sa marque en 2011 à l’âge de 25 ans. Alors comment sa mode influencée par le gothisme, l’époque victorienne et les traditions celtiques va-t-elle à la rencontre de la marinière et des seins coniques de notre couturier national ? Avec panache et romantisme. À l’image de ce tailleur à crinoline en organza de soie peint à la main des fameux Tatouages, de cette robe de poupée fabriquée à partir de morceaux de gaines lingerie, de ce marin au torse habillé de pâquerettes en alu argenté, pantalon à pont et coiffé d’un chapeau de matelot. La marinière est en tulle brodé de rubans de satin, et la mariée, en robe de patch work de guipure Chantilly lacée en corset. La greffe entre les deux univers a pris. Tout de même, on ne peut s’empêcher de penser aux défilés par Gaultier lui-même, toujours de grands moments de haute couture, portés par des femmes qui avaient si fière allure… Changement de génération : l’ado, elle, est aux anges. Kelly « Lily » Rutherford a accepté de poser avec elle en photo.

Défilé haute couture Jean Paul Gaultier by Simone Rocha de l’été 2024
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Content Source: www.lefigaro.fr

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