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«Gabrielle Chanel a montré la voie à des femmes indépendantes», Lupita Nyong’o, ambassadrice engagée

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Une occasion de faire connaissance avec cette intellectuelle, actrice, auteur d’un livre pour enfants, d’un podcast et nouvelle ambassadrice Chanel. Quel qu’en soit le domaine, ses projets lui valent une pluie de récompenses.

Ce matin-là, elle s’est éveillée à Londres. Mais demain, ce sera peut-être à New York, Los Angeles, Mexico, Paris ou Nairobi. Bien que sa famille soit de la tribu luo au Kenya, Lupita Nyong’o est née à Mexico en 1983, deuxième d’une fratrie de cinq. Elle a grandi en Afrique de l’Est, même si elle possède la double nationalité kenyane et mexicaine ; parle l’espagnol, le swahili, le luo et l’anglais, et vit aux États-Unis depuis vingt ans. Lorsqu’on lui demande où elle se sent chez elle, elle a un léger soupir: «C’est la question que je me pose parfois. J’ai grandi et vécu dans des endroits si différents… Aujourd’hui, je ne pense pas que “chez moi” soit un lieu. C’est plutôt un état d’esprit, peut-être simplement le sentiment de satisfaction que j’éprouve tantôt en me rapprochant de ma famille, tantôt en réalisant un projet dont je rêve… ou en passant une bonne nuit de sommeil. Chez moi est donc l’endroit où j’aime être, où je me sens à l’aise, où qu’il se trouve.»

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Citoyenne du monde, celle qui est aujourd’hui actrice et auteur envisageait pourtant sa carrière davantage derrière la caméra que devant. Une audition va pourtant décider de sa carrière: celle du rôle de Patsey, dans le filmTwelve Years a Slave de Steve McQueen, produit notamment par Brad Pitt, pour lequel elle est choisie parmi plus de mille candidates. Pour sa performance, elle obtient dix-neuf récompenses dont, en 2014, celle de la meilleure actrice dans un second rôle. Pas mal, pour un début! Diplômée de l’université Yale, section théâtre, elle participe aussi à Star Wars épisodes VII et VIII, Le Réveil de la Force et Les Derniers Jedi, joue au théâtre, incarne Nakia la guerrière dans le film Black Panther, le personnage qui lui ressemble le plus: «Mis à part ses compétences en arts martiaux et son côté têtu, je me reconnais assez dans son intégrité de femme et d’être humain.» Lupita a aussi écrit un livre pour enfants, Sulwe («étoile» en luo), propulsé numéro 1 sur la liste des best-sellers du New York Times.

L’année 2024 a été dense: présidence du jury international de la 74e édition du Festival international du film de Berlin, rôle dans A Quiet Place: Day One. Elle a également endossé le rôle de productrice exécutive du premier long métrage du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, Goodbye Julia. Elle a aussi prêté sa voix au personnage principal du film d’animation de DreamWorks, The Wild Robot, basé sur la trilogie de romans pour enfants de Peter Brown, écrit et réalisé par Chris Sanders ; et a reçu le prix CinemaCon Star of the Year à Las Vegas, récompensant sa carrière et ses nouveaux projets. Mais surtout, cette jeune femme à la tête bien faite a lancé en septembre dernier son podcast hebdomadaire «Mind Your Own» . Une lecture intime et joyeuse d’histoires ordinaires d’Africains afin de réconforter ceux qui, à travers le monde, ont le mal du pays… exactement comme elle, lorsqu’elle est arrivée aux États-Unis pour y poursuivre ses études. Un podcast qui lui permet aussi de participer à la compréhension de la culture africaine.

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Dans un autre registre, Lupita est devenue, il y a quelques semaines, «ambassadrice Chanel», maison dont elle porte les créations depuis longtemps et dont la vie de sa fondatrice l’inspire: «J’ai eu la chance de visiter son appartement privé, rue Cambon. J’ai été fascinée par son œil de collectionneuse, ses livres. Elle a eu un début de vie difficile, et pourtant elle a accompli beaucoup de choses. Je ne sais pas si elle se serait reconnue dans ce terme, mais pour moi, elle était féministe, elle a montré la voie à des femmes indépendantes. Elle a toujours persévéré dans ses entreprises, a été attentive aux autres et généreuse, des qualités que j’admire profondément

Pour cette intellectuelle, le vêtement est bien plus qu’un ornement. En 2025, elle fera son grand retour sur scène en interprétant Viola dans la production estivale de Shakespeare in the Park, Twelfth Night, mise en scène par Saheem Ali, réalisateur nommé aux Tony Awards. Un rôle où elle devra s’habiller en homme et se faire passer comme tel. L’apparence mène-t-elle au rôle, ou est-ce l’inverse? «Il s’agit d’une relation symbiotique, jamais linéaire. Parfois, quelque chose que je comprends du personnage me conduit à un habit spécifique. D’autres fois, le vêtement m’éclaire sur un aspect du rôle. En général, le costume me révèle beaucoup sur le personnage. Les vêtements sont l’expression d’une histoire intérieure, ou du moins peuvent-ils l’être. Ils vous révèlent avant même que vous ayez ouvert la bouche! Voilà pourquoi, lorsque je travaille sur un personnage, je suis curieuse de savoir ce que les vêtements me disent de lui. J’ai donc hâte de découvrir ceux de Viola.»

Elle, a grandi au Kenya, petite écolière en uniforme: «Et j’aimais cela: ne pas avoir à me soucier de ce que je devais porter au quotidien. Je n’ai jamais suivi les tendances, j’ai toujours utilisé le vêtement comme mode d’expression personnelle, de façon expérimentale et joyeuse. Ma mère m’a appris à m’habiller de manière appropriée à chaque occasion. J’aime beaucoup le fait que, chez Chanel, les vêtements sont d’une telle qualité, qu’ils sont faits pour durer. Et puis, Gabrielle Chanel a créé sa maison avec une intention profonde, une vision avant-gardiste, un ADN fort. C’est la raison pour laquelle sa voix de créatrice résonne à nous jusqu’aujourd’hui

Content Source: www.lefigaro.fr

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