Alors que le studio de création de Givenchy attend impatiemment un nouveau directeur artistique, Isabel Marant et Issey Miyake creusent leur sillon, avec succès.
De folles rumeurs circulent sur la maison Givenchy. Depuis que Matthew Williams a été débarqué en décembre dernier, tout le monde se demande qui va prendre sa suite à la tête des collections femme et homme. D’autant qu’avec le boom des trois locomotives du Fashion Group de LVMH (Celine, Loewe et désormais Fendi), les attentes autour de la maison d’Hubert de Givenchy sont grandes. On dit que le groupe chercherait un directeur artistique star. Quelques noms circulent en boucle : Sarah Burton (ex-Alexander McQueen), Alessandro Michele (ex-Gucci) et même, pourquoi pas, un retour de Marc Jacobs. En attendant la grande annonce, il faut remplir les boutiques. C’est donc le studio de création -sans capitaine- qui fait le job. L’imprimé star de cette saison est le chat, animal favori d’Hubert de Givenchy, nous dit-on (déjà de la collection homme présentée en janvier dernier). Remarquable quand une broderie de paillettes argent en reprend le motif sur une robe (au décolleté nœud discutable néanmoins). Bizarre sur un bustier à décolleté bénitier rigide tant on dirait que ses yeux couleur diamant vous fixent. Il y a quelques bons basiques, un tailleur en chevrons discret de femme d’affaires et quelques robes de cocktail noires pour starlettes se rêvant en Holly Golightly dans Breakfast at Tiffany’s.
« On s’est amusées à revisiter mes plus belles années », explique dans un grand sourire Isabel Marant, quelques minutes avant son défilé hiver 2025. « On », ce sont Kim Bekker, la directrice artistique des collections, et Emmanuelle Alt, l’ancienne directrice de la mode de Vogue Paris, avec qui, dans les années 2000, Marant a inventé cette Parisienne « avec du chien », dit-elle de sa gouaille légendaire. « Emmanuelle et moi, nous avons le même âge, la même enfance, la même culture et les mêmes références. C’est super agréable et simple de travailler avec elle parce que nous savons toutes les deux saisir qui est justement cette femme. » Soit, pour l’hiver prochain, une grande fille toute mince, belle comme le jour, dans son blouson en peau eighties sur une robe drapée à imprimé ethnique, ouverte sur un collant léopard et des boots de gaucho à petits talons. Elle n’a peur de rien, surtout pas d’empiler les couches de vêtements, de « clasher » les imprimés et d’accumuler les bijoux rapportés de tous ses voyages. Sûre de son chic effortless, comme disent les Américains, de ce petit « je-ne-sais-quoi » indéfinissable mais que les deux brunes incarnent (encore) à merveille.
Le saviez-vous ? « lssey Miyake, c’est nous qui l’avions découvert les premiers en France, voici deux ans, lors d’un court passage à Paris », écrivait le 2 avril 1974 la plume mode du Figaro de l’époque, Hélène de Turckheim. Effectivement, dès 1972, elle proclamait : « Kenzo n’a qu’à bien se tenir. (…) Issey Miyake – retenez bien ce nom – veut aujourd’hui conquérir Paris. Avec de grandes chances d’y parvenir. » L’histoire (de la mode) lui a donc donné raison. Voilà plus de cinquante ans que les collections innovantes, atypiques et confortables de la marque japonaise (dessinées par Satoshi Kondo depuis 2019) ont conquis la capitale (et le reste du monde). Cette saison n’y fera pas exception. Entouré des fresques Art déco du Palais de la Porte dorée, sur la musique classique expérimentale jouée en live par le pianiste Koki Nakano, ce vestiaire finalement peu plissé (pourtant sa marque de fa brique) fait la part belle aux formes amples, aux superpositions drapées évoquant les Bédouins, au coton brut et à la laine douillette. Dans une palette de couleurs remarquable, jaune d’or, bleu des mers du Sud ou céruléen, rose fuchsia, vert d’eau, mandarine ou mauve évêque.
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