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Haute couture : flamboyant Valentino, futuriste Fendi, extravagant Robert Wun

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Les collections de cette fin de Fashion Week transcendent
le temps et les époques.

Kyliiiiiie! Jennifeeeeeer! Lénaaaaaaa ! » Ce mercredi soir de janvier, la quiétude de la place Vendôme est troublée par les cris hystériques d’un attroupement de jeunes gens en folie. Nous sommes au défilé haute couture de Valentino. La maison romaine a convié quelque 600 invités dont Kylie Jenner (venue avec Stormi, sa fille de 5 ans, et sa mère Kris Jenner), Jennifer Lopez (qui poursuit sa tournée des premiers rangs cette semaine) et l’influenceuse la plus influente de France, Léna Mahfouf. Tout ce petit monde monte les escaliers des magnifiques salons parisiens acquis en 1998 par le fondateur Valentino Garavani. « C’est à Paris que j’ai appris mon métier dans les ateliers de la haute couture, qui a toujours représenté le summum du luxe pour moi », nous confiait cette légende de la mode récemment. C’est précisément à la couture, la vraie, que rend hommage Pierpaolo Piccioli, l’actuel directeur artistique, pour l’été 2024. « Je suis très attaché à sa tradition, à ses rituels, cette quête de l’excellence, explique-t-il en backstage. Sans être passéiste, je voulais rendre hommage à nos “petites mains” – même si je n’aime pas ce terme -, à ces talents au savoir-faire exceptionnel qui font de ces robes de telles merveilles. »

Comme autrefois, les mannequins prennent possession des moulures, des dorures et du grand escalier à balustres de cet hôtel particulier du XVIIIe siècle. Elles déambulent, altières, sur la voix de Maria Callas. On ne peut s’empêcher de voir l’héritage d’Yves Saint Laurent dans ces bourgeoises aux cheveux tirés en arrière, parées de bijoux sculptures et de grosses manchettes dorées. Ou dans ces transparences érotico-chics à la Newton, ces lavallières en chiffon de soie laissant voir la poitrine, ce tailoring au cordeau, cette maîtrise des couleurs et de leur association. Les variations autour du vert, du plus grisé au plus criard, côtoient des jaune d’or, rouge Valentino (forcément), bleu céruléen, parme, lavande… On s’interroge néanmoins devant un sweat-shirt en laine et cuir découpé façon éponge à récurer, face à ce jupon de tulle qui dépasse d’un tailleur jupe pourtant magnifique, ou à ces pantalons fendus sur une seule jambe. Quelques dissonances que l’on oublie vite devant cette partition réussie de robes de gala en taffetas, jersey, viscose, tulle, crêpe et gaze de soie, légères comme une caresse.

Collection Valentino.
Valentino.

« Un futurisme optimiste », résume Kim Jones au sujet de sa collection couture de l’été 2024 pour Fendi. Du temps de Karl Lagerfeld, la maison romaine qui célébrera son siècle l’an prochain, s’inspirait régulièrement du mouvement futuriste jouant de la tension entre progrès et tradition. Aujourd’hui, ce n’est pas tant cette esthétique que l’envie d’aller de l’avant que le Britannique reprend. « Kim a toujours ce besoin de regarder vers demain, confirme Delfina Delettrez-Fendi, arrière-petite-fille des fondateurs et directrice de la joaillerie de la marque. Alors, quand j’ai réfléchi aux bijoux de cette collection, je me suis dit qu’il n’y avait rien de mieux qu’une paire de lunettes pour appréhender l’avenir. D’où ces modèles de vue ou solaires sur mesure (car façonnés grâce à un scanner facial) aux montures en or blanc et diamants. J’aime l’idée de cet accessoire fonctionnel qui n’est à la base pas très “habillé” mais qui est ici utilisé comme un maquillage précieux éclairant le visage. Je trouve que ça donne un côté Blade Runner. » Effectivement, il y a un peu de l’esprit du chef-d’œuvre de Ridley Scott (1982) dans cette silhouette à la fois futuriste, donc, mais aussi organique. Pure et ascétique, la robe d’ouverture est noire, un bustier « boîte » en mohair à nervure porté avec un sac Baguette façon alu et de très beaux escarpins classiques en croco argent. Une jupe semblant faite de fibres optiques à paillettes croise un manteau en minivolants métalliques tricotés de fourrure. Une longue veste en croco ambré suit une robe du soir en mesh métal et des modèles en tricot côtelé à brassière tournée. Sur un fourreau de crêpe brun, une broderie de microclous forme comme un corps en trompe-l’œil semblant amincir la silhouette. « Je l’ai imaginée en pensant aux femmes que nous habillons sur les tapis rouges – elles sont de plus en plus nombreuses, et c’est génial, c’est tellement gratifiant pour un designer de voir ses créations portées. Mais personnellement, être sous les projecteurs est un exercice que je déteste, que je trouve tellement stressant. » La plupart des pièces ont été achevées par les artisans des ateliers venus de Rome à Paris durant la nuit. Cette main très particulière, qui est celle de la maison Fendi, se sent puissamment dans ce défilé très édité de 39 passages. Exceptionnels, ces sacs Baguette (dont la forme géniale et le nom ont été inventés par Silvia Venturini-Fendi en 1997) en croco dont l’intérieur est doublé de vison (venant de chutes). Glisser sa main dedans est un plaisir presque défendu.

Collection Fendi.
Julien Da Costa.

Robert Wun, né à Hongkong et établi à Londres, défile durant la haute couture parisienne depuis deux saisons. Son nom a beaucoup circulé en juillet dernier, si bien qu’au Palais de Tokyo, les amateurs de pièces uniques aux accents burlesques, queer et gothiques, sont au rendez-vous ! « J’ai monté ma marque il y a dix ans, dit le trentenaire, aussi humble que ses créations sont exubérantes. Ce show est une façon de redire mon amour pour ce métier. » Sa robe « de feu » (en mousseline de soie peinte de flammes) a été inspirée par un documentaire sur un vulcanologue s’approchant tellement des cratères qu’il prend feu à chaque expédition. La mariée en tulle blanc éclaboussé de taches rouges façon sang se veut une réflexion sur la symbolique du blanc et de la virginité. Un tailleur jupe tulipe constellé de taches à la Pollock rebrodées de perles de couleur avec voile, fedora et escarpins assortis, croise un manteau façon miroir brisé très, très bien réalisé, inspiré par le personnage de Neo (Keanu Reeves) dans Matrix. Sur la ligne de crête entre le costume et la couture, cette trentaine de looks ne s’adressent pas au commun des mortel(le)s, mais plutôt aux Lady Gaga et Björk de l’époque.

Content Source: www.lefigaro.fr

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