ANALYSE – Les fêtes sont passées, pas les soirées. Pour avoir de l’allure, et un style, une nouvelle génération mise sur cet accessoire.
Depuis qu’elle ne traîne plus au bureau, la cravate n’a jamais passé autant de temps en soirée. Elle est redevenue indispensable aux jeunes gens dans le vent dont les parents avaient pourtant tout fait pour s’en débarrasser. «Désormais portée par choix, elle est un accessoire de mode, léger et libre. Elle ne signale plus l’appartenance à un groupe ou l’adhésion à des conventions, mais exprime la personnalité de celui qui la choisit. Et vient révéler sa fantaisie», analyse Christophe Goineau, directeur de création de la soie masculine d’Hermès.
Rue du Faubourg-Saint-Honoré, si les motifs espiègles ont encore les faveurs des clients venus de loin, la jeune garde française et européenne convoite surtout les modèles unis. Même son de cloche à Londres où Tom Leeper, directeur de la création de New & Lingwood, constate un fort regain d’intérêt pour les grenadines sombres, au détriment des rayures club ou des motifs paisley.
À lire aussiCharvet, plus qu’une cravate, une expérience
Place Vendôme, les belles soies nattées de Charvet ont quitté les allées du pouvoir. Les voici appréciées des noctambules chics. Le charme discret de la bourgeoisie?
«Plutôt une influence des icônes du rock et de l’âge d’or du cinéma, décrypte Guillaume Cadot, fondateur de la marque Cadot et expert en style. Une génération redécouvre, notamment à travers les réseaux sociaux, les photos des fêtes de jadis sur lesquelles il est rare que les gens ne soient pas habillés.La cravate structure toutes les tenues, raconte des histoires, des souvenirs. Elle participe du plaisir de s’habiller. Surtout que lorsqu’on arrive dans un vernissage, un cocktail, on n’a pas l’air de sortir du bureau puisque plus personne n’en met. Et si aucun autre invité n’en porte, il est facile de l’enlever.»
«Façon Gainsbourg ou Delon»
Les tricots de soie, de laine ou de cachemire ont aussi la cote. «Enfant, je les appelais des “cravates-chaussettes” quand j’en voyais au cou de Jean d’Ormesson ou de Lino Ventura, sourit Arthur, graphiste trentenaire. Aujourd’hui, je ne porte que ce genre-là en soirée. Faussement strictes, leur tombésouple leur donne une décontraction à la française, façon Gainsbourg ou Delon. Pour la jouer comme Bryan Ferry, je la choisis noire. L’été, je passe au jaune citron, ça fait parler!»
De retour sur les podiums et les after-parties chez Celine, Brioni, Dolce & Gabbana, Zegna, Ralph Lauren ou Fursac, la cravate est à la fête. Et les stars amplifient la tendance: George MacKay craque pour celles de Dior Men, Tahar Rahim opte pour Louis Vuitton. La nuit, avoir de la tenue donne du panache au laisser-aller.
Content Source: www.lefigaro.fr