Créativité radicale et fourmillante chez Loewe, vestiaire désirable et luxueux chez Hermès : les défilés homme du week-end font rayonner la capitale.
À l’applaudimètre de l’entrée des défilés, ce week-end, Loewe remporte la palme : devant la garde républicaine, boulevard Henri-IV (Paris 4e), des centaines de jeunes gens à la voix stridente hurlent au passage des nombreuses célébrités invitées par la maison, de l’éphèbe Manu Rios au faux prince Charles de The Crown Josh O’Connor, en passant par le Français Stéphane Bak ou encore la nouvelle égérie maison, l’acteur Jamie Dornan (Cinquante nuances de Grey)… Également présent, le héros de Skins Nicholas Hoult, qui avec son jean brut à revers blancs et sa veste de pilote en cuir, incarne idéalement l’homme Loewe, chic, pointu et jamais déguisé.
À l’intérieur de la salle, des écrans façon vitraux mettent en scène les mêmes célébrités jouant avec la caméra, dans des poses lascives, jambes écartées et gros plan sur les aisselles. Au mur, des peintures de l’Américain Richard Hawkins, l’un des artistes favoris de Jonathan Anderson, le directeur artistique de la maison. « C’est un peintre fascinant, qui m’a amené à questionner la masculinité d’aujourd’hui, explique-t-il en coulisses. Qu’est-ce qu’un mannequin, qu’est-ce qu’un influenceur et qu’est-ce que tous ces nouveaux archétypes veulent dire pour le futur et le vêtement ? » Ces derniers temps, Anderson marche sur l’eau, enchaînant les défilés unanimement applaudis, et renforçant sa légitimité à la tête de l’institution madrilène, qu’il a élevée au rang de fleuron du luxe durant ces dix dernières années de règne.
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Conceptuelle, cette nouvelle collection pour l’hiver prochain fourmille d’idées, déjoue les attentes quitte à dérouter le fan-club du Nord-Irlandais, qui déteste la facilité. À l’instar de ce premier mannequin en caban de cuir vert à lavallière intégrée porté sans pantalon, avec des chaussures de skate et des chaussettes de sport… Anderson montre un talent rare pour utiliser le savoir-faire du maroquinier espagnol, fondé en 1846, et le mettre au service de pièces qui ont tout pour devenir virales… Derrière les effets de style (ces vestes aux vêtements colorés intégrés à la doublure, façon pile de lessive, les torses nus mettant en valeur les accessoires, les longues tuniques imprimées de peintures de Richard Hawkins), il prouve qu’il sait, comme peu de designers aujourd’hui, faire du banal quelque chose d’exceptionnel : un jean au délavage juste comme il faut, une chemise en oxford désirable à souhait malgré sa simplicité, un sweat-shirt à capuche en cuir bleu marine d’un luxe inouï, un pull à motif Fair Isle dans la bonne teinte, un manteau croisé impeccable et même un costume-cravate porté avec des chaussures de skateur, à l’attitude parfaite. Encore une fois, Jonathan Anderson est ovationné. Où s’arrêtera-t-il ?
Véronique Nichanian aussi offre un nouvel âge d’or à son homme Hermès, qui ne s’est jamais aussi bien vendu. Celle qui préside aux destinées des collections masculines du sellier depuis plus de trois décennies a trouvé ces derniers temps une attitude nouvelle, sexy, plus sulfureuse aussi peut-être, qui plaît à la critique et (surtout) à ses clients. Elle persiste et signe, avec ces costumes à la jambe resserrée et légèrement raccourcie mettant en valeur de sublimes Chelsea boots. Dans une palette de gris, de l’anthracite au « silex » (selon le lexique maison) et de marrons rehaussée de variantes de jaunes et bleus d’une élégance folle, la Française excelle dans le vêtement classique ou d’inspiration technique profitant de l’exceptionnel savoir-faire du sellier. À l’instar de ces parkas en veau, en suédine de coton ou en laine déperlante, de ces manteaux de voyageurs en drap de laine magnifiques décorés de détails en cuir (après tout, on est chez Hermès), ces petits blousons matelassés à grandes poches… À la main, les garçons portent, forcément, des sacs. Et pas n’importe lesquels : de nouvelles versions du Haut à courroies (dont rêvent beaucoup d’hommes) et du sac à dépêches.
L’hiver prochain, l’homme Hermès sera aussi plus rock, mod presque, avec ses pardessus à chevrons, ses motifs prince-de-galles et ses pulls Argyle désaxés, mais aussi ses cardigans un peu grunge et ses bijoux autour du cou. Tout bonnement impressionnants, costumes sombres comme moirés, réalisés en… cuir de veau lustré ! Intouchable pour le commun des mortels, mais tellement désirable… Car, là encore, derrière l’attitude, on trouve des vêtements, des vrais, qui font envie et pourraient – dans un monde idéal – intégrer votre garde-robe dès demain. « Je m’amuse beaucoup avec le vestiaire contemporain, explique-t-elle après le show. J’ai voulu travailler des intemporels, comme ces rayures et ce prince-de-galles, appliqué à des vêtements qui peuvent se porter différemment selon le contexte. Une taille plus haute, des jambes plus toniques… Avec un côté dandy, très chic, très soir, car j’aime cette dimension plus sexy. » L’hiver sera chaud, chez Hermès.
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