Tout ce qu’il faut retenir de la Fashion Week de Paris.
Vendredi 1er mars, 17 h 30
L’expérience Vetements commence dès la porte. Quinze minutes après l’horaire prévu, celle de l’espace Cambon où a lieu le défilé, demeure désespérément close. Les invités mais aussi bon nombre de badauds s’agglutinent… jusqu’à bloquer la circulation de cette petite rue parisienne en sens unique. Les esprits s’échauffent, certains conducteurs sortent de leur véhicule pour hurler sur les agents de sécurité débordés. « Les invitations, mettez-vous sur le trottoir de gauche ! », aboient-ils. On agite le précieux sésame comme un appel à l’aide. Des maquilleuses qu’on espérait à l’ouvrage depuis déjà un moment, essaient de se frayer un chemin parmi la foule pour accéder aux backstages…
La porte s’ouvre enfin. À l’intérieur, la lumière rouge et l’électro expérimentale achèvent de camper une atmosphère oppressante. La raison de tout ça ? Une collection hiver de 91 looks, la plupart (très très) oversized, une série de robes de soirée tout en strass et quelques guest-stars sur le podium dont Natalia Vodianova, top-modèle et épouse d’Antoine Arnault (au premier rang), Georgina Rodriguez, en couple avec Cristiano Ronaldo et Marcia Cross, ex-Bree Van De Kamp de Desperate Housewives. Guram Gvasalia, personnage intense qui n’aime rien tant que mettre les autres sous pression, mène ces derniers temps, une bizarre lutte fratricide par voie médiatique contre son frère Demna avec lequel il a créé la marque et qui est aujourd’hui à la tête de Balenciaga. D’où ce tee-shirt qui proclame « Not Mom’s favorite son ». Il n’est pas le nôtre non plus.
Dimanche 3 mars, 13 heures
C’est le troisième show de Duran Lantink à Paris et cette fois, tout le monde est là ! Le nom de ce Néerlandais de 36 ans a beaucoup tourné ces derniers mois, et sa présence parmi les demi-finalistes du LVMH Prize ajoute à sa fame. C’est mérité tant son univers personnel est gracieux, créatif et très, très bien réalisé. Lantink qui travaille depuis toujours avec des tissus et des vêtements issus de fins de stock (gardant même parfois les logos des autres sur ses propres créations), expérimente une silhouette « difforme » par rapport à la norme. Par des techniques de rembourrage appliquées cette saison à la maille, au mouton retourné et à des doudounes, il exagère les volumes, fait naître des excroissances au niveau des épaules, des hanches, du dos. Et relance l’éternelle question du vêtement qui rencontre le corps (cf. collection Body Meets Dress de Comme des Garçons 1997) avec un vrai vestiaire de plus en plus étoffé mais aussi, en cette période, avec une fraîcheur et un optimisme salutaires.
14 heures
Qu’on se sent petite, assise au défilé Akris, à côté de Flora Coquerel, ex-Miss France 2014, 1,82 mètre à la toise. Elle est pourtant si avenante, papote gentiment avec Camille Lellouche, sa voisine de gauche. La chanteuse et humoriste, elle, est ravie de pouvoir garder « en souvenir » le croquis d’Albert Kriemler, le directeur artistique de la marque suisse, glissé dans le dossier de presse et la petite boîte de chocolats suisses (évidemment) posée sur les sièges. Qu’a-t-elle pensé de cette collection pour l’hiver prochain ? « C’était sublime ! J’ai beaucoup aimé cette silhouette monochrome toute en superposition de très beaux habits (comme ce manteau en peau retournée brillante passé sur une veste en cuir, un petit col roulé en cachemire, porté avec cagoule et casquette, en ton sur ton de noir, NDLR). Et ces robes caftan dont les imprimés (des photogrammes de l’artiste américaine Katalin Deér) se répètent sur les écrans géants du décor. Et cette mousseline qui volait derrière les filles, on aurait dit qu’elles étaient en lévitation. » Comment a-t-elle connu la maison ? « Par mon styliste il y a peu et je suis conquise. »
20 heures
« Je tremble, répond Casey Cadwallader à quelques minutes de son show pour Mugler. Je ne sais pas si c’est si c’est de froid ou si je suis nerveux (rires). » En effet, la verrière du lycée Carnot est glaciale mais la femme Mugler n’en a cure, elle est incandescente. Même dans le noir dramatique de la mise en scène. Éclairée d’une poursuite dans le dos, filmée par des drones et moult Steadicams, elle chaloupe dans un fourreau asymétrique gainé en mousseline noire. Talons hauts, lèvres rouges, cheveux plaqués, elle n’oublie pas de jeter un regard caméra. « C’est l’idée d’un glamour dark mais toujours positif. Explorer son côté sombre tout en étant forte et fière de soi. Une femme très Mugler, selon moi », reprend-il. La cultissime Farida Khelfa parade tel un oiseau de nuit en manteau de fins rubans de cuir verni rouge vermillon. Kristen McMenamy, 57 ans, est sculpturale dans son bustier noir fait de multiples ceintures ouvertes ou fermées par endroits. Pour le finale, un dernier rideau révèle dans les coulisses, Cadwallader et ses équipes qui ne sont pas sans rappeler la fin du clip de George Michael Too Funky (1992) mis en scène par Thierry Mugler, himself. Si le dispositif filmique n’est pas le plus adapté pour voir le vêtement, la vidéo qui est sortie hier sur les réseaux sociaux, vaut le coup d’œil !
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