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Sacai, Comme des Garçons, Junya Watanabe… Tours de force du vestiaire masculin

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Journal de bord des défilés de Paris de l’hiver 2024-2025 où l’art tailleur est au centre de nombreuses créations réussies.

Junya Watanabe, vendredi 19 janvier, 10 heures
On l’a dit, cette saison est celle du costume : des podiums de Milan à ceux de Paris, l’art tailleur est au centre de nombreuses créations… Et même des plus créatives. Ainsi, vendredi, dans un immeuble en travaux de la rue du Faubourg-Poissonnière (Paris 9e), Junya Watanabe propose pour sa marque une relecture du classique blazer, en version allongée, façon jaquette d’un nouveau genre : au lieu de tailler tout cela dans un même lainage, il habille le bas du manteau de denim, du coton d’un chino… Mais aussi de très beaux imperméables façon cape, des pardessus longs, simples mais coupés incroyablement justes, de larges pulls portés avec des jeans (en collaboration avec Levi’s) et même des hoodies en tissu de costume et une cape cosignée avec la marque de skate britannique culte Palace. Choc des mondes, mais ça marche.

Collection de l’hiver 2024-2025 de Junya Watanabe
YANNIS VLAMOS / YANNIS VLAMOS

Comme des Garçons Homme Plus, 17 heures
Variations autour d’un blazer également chez Comme des Garçons Homme Plus, où la géniale Rei Kawakubo dévoile une collection centrée sur la veste : en laine bouillie blanche, enfilée sur l’envers, découpée sur les flancs ou au niveau des manches, ornée de boutons de nacre le long des coutures… Le tout porté avec des shorts volumineux et une paire de Nike. Bref, du « Comme des » portable, ancré dans une certaine réalité, et certes moins spectaculaire qu’à l’accoutumée, mais ainsi plus immédiatement désirable.

Comme des Garçons Homme Plus, hiver 2024-2025
YANNIS VLAMOS / YANNIS VLAMOS

Officine Générale, 18 h 30
Chez Officine Générale, dans un immeuble, lui aussi en travaux, du boulevard Haussmann, Pierre Mahéo a donné un nouveau souffle à son vestiaire du quotidien. On retrouve évidemment ses standards (le costume bleu marine à boutons recouverts de tissu, son équivalent gris, les manteaux généreux en belles laines), mais avec une attitude un peu plus désinvolte et donc, forcément, plus cool. Ce sont des détails, mais ça change tout : la manière dont un Perfecto en cuir noir est passé sur un pantalon marron, dont une surchemise est négligemment boutonnée sous un pardessus, dont une peau lainée courte s’enfile sur un blazer plus long. Un défilé qui donne de vraies idées de stylisme pour s’habiller dans la vie, c’est rare. Et c’est ce tour de force que réussit Officine Générale.

Officine Générale, collection hiver 2024-2025
Officine Générale

Kenzo, 20 h 30
Plus tard, rendez-vous pris à la Bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu, à deux pas des bureaux de Kenzo. Au premier rang, Pharrell Williams, fidèle ami et collaborateur du directeur artistique Nigo, a mis son plus beau chapeau de cow-boy. Sur le podium, le message que le Japonais essaye de transmettre est moins clair que les saisons précédentes. Il a fait le choix de lever le pied sur le logo, utilisé à outrance ces derniers temps, pour se concentrer sur la silhouette. On remarque avec intérêt de multiples références au pays du Soleil-Levant, qu’il s’agisse des imprimés façon tatamis ou des fleurs évoquant le karakusa, sortes d’arabesques locales, franchement jolies (et introuvables ailleurs). Mais on comprend mal pourquoi certains pantalons fluides sont associés à des faux gilets pare-balles en shearling, l’intérêt de ces ceintures de judo qui serrent une robe plissée, ou encore l’idée derrière ces robes en maille façon boule autour des hanches, pas franchement flatteuses… Reste qu’à l’homme, les costumes inspirés des uniformes scolaires nippons et le denim, utilisé sur des gilets d’explorateur et les pantalons taillés larges, font envie.

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Kenzo, collection hiver 2024-2025
MONIC

Sacai, dimanche 21 janvier, 14 h 30
Déconstruire, reconstruire, modifier, triturer et, finalement, réussir à trouver le sublime : voilà ce que fait, saison après saison, Chitose Abe chez Sacai. Elle est une créatrice unique dans le paysage, maîtrisant comme personne les hybridations. Ce vestiaire de l’hiver prochain, présenté au Carreau du Temple, est à nouveau réussi. Chez l’homme, elle transforme des duffle-coats en désaxant le boutonnage, glisse un pan de Nylon ripstop au dos d’un blazer, taille des pantalons larges, très larges, qui cachent des chaussures poilues ou des J.M. Weston à semelle XXL, intègre des détails militaires (cordons de serrage, poches en biais) à des pardessus en laine… Des cadavres exquis qu’elle a inventés et qu’elle maîtrise comme personne, des mélanges des genres que tant lui ont emprunté mais qu’elle seule sait faire sans tomber dans le gimmick et le cliché. À la femme, les vestes en denim à manches ballons, les bombers passés sur une jupe fendue sur des cuissardes à semelle technique ultra-compensée donnent aux filles, toutes en jambes, une allure incomparable.

Content Source: www.lefigaro.fr

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