ad

Stéphane Ashpool: «C’est la première fois qu’un créateur de mode signe toutes les tenues des Jeux olympiques»

Share

- Advertisement - ad

EXCLUSIF – Ce 16 janvier, Paris 2024 et le créateur parisien Stéphane Ashpool dévoilent le vestiaire de l’équipe de France olympique. Une collection hors norme et sans précédent qui a nécessité près de deux ans de travail, dont certaines pièces sont commercialisées aujourd’hui.

À la veille de la grande présentation, Stéphane Ashpool est très occupé mais heureux. Son projet pharaonique en collaboration avec Le Coq Sportif touche à sa fin. Il a ainsi conçu la totalité du vestiaire des quelque 840 athlètes français (3200 personnes en comptant leur staff technique) de la soixantaine de disciplines olympiques et paralympiques. Plus de 150 000 pièces réparties en tenues de «performance» portées au cours des épreuves, et en tenues hors du terrain prévues pour les entraînements, les cérémonies de remise de médaille, ou encore, les conférences de presse. C’est à l’INSEP, où il s’est rendu de nombreuses fois ces deux dernières années, en pleine séance photo de ses «looks», qu’on retrouve le styliste parisien.

Stéphane Ashpool
Alex Cascallana

LE FIGARO. – Quel a été le plus gros défi de ce projet hors norme?
Stéphane ASHPOOL. – Évidemment, parce qu’il s’agit de tenues olympiques, il y a beaucoup d’institutions, de fédérations qui, pour certaines, ont l’habitude de travailler avec leurs équipementiers attitrés, et d’avis à prendre en compte. Le cahier des charges est donc assez compliqué! En tant que créateur et fondateur de ma propre marque (Pigalle, NDLR), je n’avais jamais eu besoin jusqu’ici de faire preuve de «diplomatie créative»… Et en même temps, je n’avais pas non plus été amené à travailler sur un projet aussi important. J’ai beaucoup aimé travailler dans ce cadre et je suis, dans l’ensemble, très heureux de cette collection que nous avons réussi à produire le plus possible en France ou à proximité, au Maroc, au Portugal, en Espagne. C’était ça le plus grand défi!

Au regard des contraintes différentes selon les disciplines, comment êtes-vous parvenu à créer une cohérence stylistique au sein de cette gigantesque collection?

C’est la première fois qu’un seul équipementier, en l’occurrence Le Coq Sportif, fabrique l’intégralité des tenues d’une équipe nationale pendant une olympiade. D’habitude, celui qui gagne l’appel d’offres s’occupe du «lot de représentation», c’est-à-dire les tenues portées par les athlètes lorsqu’ils montent sur un podium ou se rendent sur un plateau télé. Cette fois-ci, il s’agissait de les habiller pour l’ensemble de leurs activités durant la compétition, des phases d’entraînements aux épreuves, en passant par le temps libre au Village. Chacun d’entre eux va recevoir une dotation d’environ 80 pièces. Dès le départ, j’ai voulu les habiller de façon contemporaine, ne surtout pas les déguiser, ni surjouer les imprimés qui en mettent plein la vue, mais simplement s’inspirer d’une certaine idée de l’élégance française, à travers une somme de petits détails, une surpiqûre, un bord côte, les finitions sur un patch brodé. Le fil rouge de cette collection est ce «nouveau» drapeau français gradient, non plus avec ces trois bandes bleu, blanc et rouge mais un dégradé de bleu qui rentre dans le blanc et de blanc qui rentre dans le rouge.

Quelle a été la disciple la plus contraignante?

- Advertisement - ad

Chacune pour différentes raisons. Pour le judo, par exemple, il existait déjà un logo. De même que les judogis, les kimonos des judokas, sont traditionnellement fabriqués au Japon: réussir à les produire en France, trouver la bonne densité pour la toile, le bon tricotage, a été un véritable challenge. Il y a aussi l’équipement de voile, par exemple, qui nécessite une imperméabilité dingue. En cyclisme, le moindre gramme en plus sur la combinaison des coureurs impacte leurs positions sur la ligne d’arrivée. Il y a plein de petites choses comme ça que l’on découvre en chemin. Mais le plus complexe, et je me répète, a été de trouver ces matières «localement». D’autres équipementiers auraient sûrement trouvé la même technicité en fabriquant en Asie. Mais indirectement, nous avions à cœur de réindustrialiser un peu nos territoires, en tout cas de soutenir des fournisseurs et des usines dont des tricoteurs dans l’Aube et le bassin troyen (où est implanté historiquement Le Coq Sportif). Tous les logos sont brodés en France. Toutes les tenues pour les remises de médailles ont été produites en France, de A à Z, de la matière aux finitions.

La tenue des judokas pour les JO de Paris 2024
Pauline Scotto di Cesare

Et la plus stimulante?

Il y a deux sports qui m’ont touché plus particulièrement: le skate et la gymnastique. Le skate parce que c’est la discipline pour laquelle le vêtement est le plus lié à la personnalité du sportif. Sans son baggy et son tee-shirt, dans une tenue plus institutionnelle, le skateur perd son identité. L’idée était de garder cette spontanéité. Et la gymnastique parce qu’en regardant les gymnastes, j’ai eu l’impression de voir des petits rats de l’Opéra – or, ma mère était danseuse à l’Opéra. Je suis très admiratif de la discipline de fer et l’abnégation que nécessite ce sport.

Certaines pièces sont commercialisées dans les boutiques officielles de Paris 2024 et du Coq Sportif. Avez-vous travaillé aussi avec cette optique en tête?

Mon objectif de départ était de plaire aux athlètes. C’est pour ça que le comité Paris 2024 et le Coq Sportif sont venus me chercher en premier lieu et ça a toujours été mon moteur. Après, ces athlètes ont des corps, des d’environnements et des personnalités très différents. Alors si la collection leur plaît, j’imagine qu’elle peut plaire au plus grand nombre.

Content Source: www.lefigaro.fr

En savoir plus

advertisementspot_img

Nouvelles récentes