Chaque fois que Maripier Morin donne signe de vie depuis quatre ans, les journalistes ne peuvent s’empêcher d’en parler comme de son « grand retour ». L’animatrice et comédienne s’amuse un peu de cette grandiloquence. Certes, elle a connu une traversée du désert dans la foulée du mouvement #moiaussi. Mais pour vraiment « revenir sur le devant des projecteurs », encore faut-il vraiment les avoir quittés.
Dans les quatre dernières années, Maripier Morin aura entre autres été à la barre d’une émission balado et d’une émission de radio. On a aussi pu la voir à la télé dans l’une des séries les plus écoutées du petit écran, et au cinéma, dans un premier rôle. Elle a également lancé Mox, une marque de prêt-à-boire sans alcool. Bref, disons qu’il y a pire comme période creuse.
« Il y a eu deux ans vraiment rough. J’ai fait mon chemin de croix. Je me suis relevée après avoir atteint le fond. J’ai changé, et je pense que les gens l’ont vu. Est-ce qu’il y a des personnes qui sont encore mal à l’aise à travailler avec moi ? Peut-être, et je le respecte. Mais sincèrement, je ne le sens pas », évoque l’animatrice, qui a fait acte de contrition à maintes reprises depuis 2020, toujours avec un habile souci de ne pas se poser en martyre de la culture du boycottage.
Boucler la boucle
Il serait un brin pompeux donc d’écrire que Maripier Morin fait son grand retour. N’en demeure pas moins que cet automne marque sans doute officiellement la fin de son purgatoire dans les grands médias, qui hésitaient encore à s’associer de nouveau avec elle. À la radio, Cogeco l’a repêchée pour coanimer les Filles du lunch avec Marie-Eve Janvier sur Rythme. À la télé, Bell lui a confié l’animation d’OD : Tentations au soleil, une nouvelle téléréalité avec d’anciens participants d’Occupation double qui sera sur Crave le 2 décembre.
J’ai zéro hésité avant de dire oui. C’est bizarre, car toute ma carrière, j’ai essayé de prendre mes distances avec la téléréalité. Mais d’y revenir de cette manière, je trouvais que ça bouclait bien la boucle.
Maripier Morin
« Je me voyais vraiment comme une grande sœur pour les candidats », observe celle qui aborde son rôle d’animatrice avec beaucoup de bienveillance.
« Je ris avec eux, pas d’eux. Ce sont tous des gens qui ont déjà fait OD, donc ils connaissent la game. Ils ne se prennent pas au sérieux. Je n’aurais pas été à l’aise de participer à un dîner de cons. Je n’aime pas voir une téléréalité où on se moque d’un candidat sans qu’il le sache », ajoute avec une certaine sagesse Maripier Morin, qui est revenue il y a un mois du Mexique, où tous les tournages ont été bouclés en une dizaine de jours.
La nouvelle Maripier
À 38 ans, Maripier Morin n’a plus grand-chose à voir avec la jeune femme fêtarde et mal engueulée que les Québécois ont découverte à Occupation double en 2006, et qui la caractérisait encore dans ses débuts comme animatrice. Celle qui s’apprête à passer le cap des cinq ans de sobriété a trouvé la paix loin des distractions de la grande ville, à Granby, où elle habite avec son conjoint, le comédien Jean-Philippe Perras, et leurs deux jeunes enfants.
Cette zénitude, elle la puise aussi dans sa spiritualité, qu’elle a réaffirmée au sein des fraternités d’alcooliques et de narcotiques anonymes.
Maripier a toujours eu la foi, elle qui est issue d’une famille d’ascendance italienne, du côté de son père, très catholique. L’un de ses oncles est d’ailleurs prêtre. Dans un Québec laïque où tout ce qui a trait au sacré est réprouvé, elle sait que d’en parler ouvertement la place sur une pente glissante.
« Dès qu’on parle de Dieu, les gens nous prennent pour une illuminée. Mais il faut comprendre que la spiritualité, c’est quelque chose qui dépasse largement le dogme d’une religion. C’est de s’émerveiller devant la beauté de la nature, devant la simplicité de la vie. Ça m’aide beaucoup en ce moment pour passer à travers le deuil de mon frère », confie-t-elle, en prenant bien soin de ne pas verser dans le prosélytisme.
Survivre
Le 9 juillet dernier, deux jours après l’anniversaire de Maripier Morin et trois jours après son accouchement, son frère Raphaël, de qui elle était très proche, a mis fin à ses jours. Lorsqu’elle aborde sa mort en entrevue, Maripier Morin éclate en sanglots. La naissance de son fils, son deuxième enfant, aura un temps comblé le vide immense que son frère laisse. Mais son départ tragique la rattrape ces jours-ci.
« Ça ne m’a pas donné envie de rechuter, par contre. Au contraire, je me dis que c’est à cause de ça que mon frère est mort », précise-t-elle, après avoir essuyé ses larmes.
Ça a juste renforcé ma peur des substances. Et quand on est atteint de cette maladie insidieuse qu’est la dépendance, c’est important de toujours avoir peur. Le danger qui nous guette, c’est justement de se sentir trop en confiance. C’est là qu’on risque de replonger.
Maripier Morin
Raphaël était habité des mêmes démons qu’elle. Plusieurs fois, Maripier Morin aura tenté de lui tendre la main pour l’aider à s’en sortir, en vain. La douleur est vive à l’idée de ne pas avoir réussi à le sauver.
« Nos hommes ne vont pas bien. On parle beaucoup de violence conjugale, de féminicides, et c’est parfait. Mais derrière, il y a des hommes qui souffrent. Si on ne s’occupe pas d’eux, ça ne va pas arrêter. Ils vont continuer de faire du mal aux autres et de se faire du mal », évoque-t-elle, la gorge nouée, traversée d’un grand sentiment d’impuissance.
OD : Tentations au soleil sur Crave dès le 2 décembre
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