CRITIQUE – Le comédien offre une lecture de l’immense écrivain avec en point d’orgue Booz endormi, poème qui redonne de la lumière.
Au Petit Saint-Martin, Fabrice Luchini s’empare de Victor Hugo et sa lecture débute – tapuscrit à la main, assis sur un bureau -, par le Hugo anéanti. Le grand homme vient de perdre sa fille Léopoldine. Noyée dans un bras de Seine, en 1843. Le comédien lit cet Hugo « au bout du rouleau » avec ce ton clair-obscur, sans lyrisme, cette voix qui a de l’oreille. Il susurre, silence, Veni, vidi, vixi : « Maintenant, mon regard ne s’ouvre qu’à demi ;/ Je ne me tourne plus même quand on me nomme ;/ Je suis plein de stupeur et d’ennui, comme un homme/ Qui se lève avant l’aube et qui n’a pas dormi. » Le timbre du comédien serait celui de la béatitude devant le maître de la langue française. Il en goûte les diverses nuances.
Sa personnalité envahissante ne gâte pas celle, gigantesque, d’Hugo ; elle sert le génie avec une admiration presque enfantine. Donnez-lui un texte, il en fait un récital qui vous plonge dans une drôle d’hypnose. Ainsi, Le Mendiant, son élocution le peint 
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