CRITIQUE – Prunella Rivière, Delphine Simon et Judith Rémy charment le public avec un nouveau spectacle de music-hall.
Le plateau de La Scala a été transformé en loges avec un rideau doré scintillant en fond de scène. Les miroirs encadrés de petites ampoules rondes renvoient les éclats colorés des accessoires. Les portants croulent sous les costumes, couvre-chefs à plume et autres boas roses de la designer Elsa Bourdin.
En prenant place, on discerne d’abord les Sea Girls de dos derrière le rideau. Prunella Rivière, Delphine Simon et Judith Rémy donnent joliment de la voix et se déhanchent. Excitées comme des puces indomptées, elles reviennent dans les « coulisses ».
Petit goût de Broadway
En justaucorps et collants noirs, cheveux plaqués sur le crâne, les chanteuses se changent rapidement avant d’entrer en scène. Dérapage, leur nouveau spectacle, a un petit goût de Broadway : il mêle théâtre, music-hall et comédie musicale. Les trois filles – au départ, elles étaient quatre – partagent avec nous leurs inquiétudes, la fatigue accumulée dans des hôtels qui « ressemblent à des hôpitaux » et l’accueil des spectateurs. « Les Sea Girls sont toujours là… C’est la vie de la tournée qui nous épuise et nous rend moches ! », scandent-elles. Ça dérape quand Judith Rémy pousse une colère contre une femme qui n’a pas éteint son téléphone portable.
Pour ce sixième show, le trio s’est acoquiné avec Pierre Guillois, le pape de la fantaisie pour concocter des numéros burlesques qui s’enchaînent des deux côtés du rideau. L’auteur et metteur en scène auquel on doit le triomphe des Gros patinent bien (repris au Théâtre La Pépinière à partir du 6 février) a apporté sa touche à un dérapage qui n’en manque pas. Prunella Rivière, la chef, la grande, refuse que quelqu’un touche à sa perruque blonde. Visage dissimulé par une tête d’oiseau d’une île improbable, Delphine Simon bat des ailes tandis que Judith Rémy joue de la guitare en play-back. « On n’est jamais contentes ! clament-elles. Vingt ans de music-hall à serrer les fesses, gainer nos bras tendus, manger sainement, s’hydrater, danser sur des talons de 10 centimètres, chanter alors qu’on vient de se faire larguer ou de se faire avorter, ne jamais abuser des soirées chablis-cacahuètes, sourire quand on a mal aux dents, au dos, aux genoux, à la tête… Être artiste de music-hall, c’est être à la hauteur, ça ne rigole pas. »
Les trois musiciens – Dani Bouillard (Guitare), Jérémie Pontier ou Vincent Martin (Percussion) et Benjamin Pras ou Arnaud Tibère-Inglese (Piano) – ont droit à leur quart d’heure de gloire. Prunella Rivière signe les chansons ; le fidèle Fred Pallem, les orchestrations enlevées.
Les Sea Girls sont nées lors d’un stage de théâtre à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Elles interprétaient un chœur de mouettes. Issues de l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre, d’un naturel comique, elles ont l’art de transmettre leur folie.
Jusqu’au 23 février, La Scala (Paris 10e). Loc. : 01 40 03 44 30.
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