CRITIQUE – La comédie musicale de Dove Attia sur Jean-Baptiste Poquelin emballe le public du Dôme de Paris.
Reconnaissons qu’on allait voir le musical sur Molière un peu à reculons. Mais l’énergie et la fougue de la jeunesse qui porte cet « opéra urbain » ont vaincu nos réticences. Si les têtes blondes peuvent découvrir l’auteur du Malade imaginaire à travers ce spectacle et avoir envie de lire ses pièces, c’est un point positif. Dove Attia, auteur du livret et des chansons fleur bleue, avec François Chouquet, raconte « la fabuleuse histoire d’un génie » avec une passion communicative.
Il revient sur les débuts de Jean-Baptiste Poquelin et son rêve d’être comédien auquel s’oppose son père qui préférerait qu’il devienne tapissier comme lui. Après avoir monté L’Illustre théâtre à Paris, Molière et ses comparses, dont la célèbre Madeleine Béjart, tentent de percer en province en trouvant un protecteur.
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Entre-temps, le dramaturge a des démêlés avec la royauté et ses rivaux qui estiment qu’il se moque bien trop des grands de ce monde. Pour être ancré dans la société d’aujourd’hui, Dove Attia s’est lâché sur les personnages de Monsieur, le frère du roi, et du prince de Conti (Abi Bernadoth, gagnant de « The Voice » en 2020). Outrancier, postiche vert sur le crâne, le premier s’exprime en verlan – ce qui est déjà démodé. Tout de noir vêtu, dreadlocks finement tressées, le second ne craint pas d’en faire des tonnes. En revanche, David Alexis est un père crédible et Shaïna Pronzola, que Racine sollicitera pour jouer Andromaque, très talentueuse.
Chorégraphies dans l’air du temps
Le spectacle doit beaucoup à son interprète principal qui a surmonté ce soir-là les problèmes de micro : PETiTOM, né Tommy Tremblay, un chanteur québécois de 29 ans survitaminé et monté sur ressort. Passé par le Cirque du soleil, le garçon a choisi son surnom pour ne pas oublier qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Il a d’ailleurs remplacé au pied levé l’artiste pressenti pour le rôle. Il épate en composant un Molière persévérant, jusqu’au boutiste dans la volonté d’accomplir son destin, et également amoureux, d’abord de Madeleine Béjart (Morgan), puis de sa fille Armande (Lou, vue dans « The Voice Kids »).
PETiTOM est aussi virtuose dans le jeu que dans le chant et la danse. Les chorégraphies dans l’air du temps ont dû réjouir les artistes. Elles sont signées Romain R. B, un ex-finaliste de l’émission « La France a un Incroyable talent ». La belle scénographie (Emmanuelle Favre) et les costumes originaux (Jean-Michel Vuillermoz) contribuent à la qualité des tableaux. À son habitude, Ladislas Chollat concocte une mise en scène au service de l’histoire.
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Rompu à l’art de la direction d’acteurs – il était aux commandes du musical Olivier Twist et prépare déjà Les Misérables -, il dirige la troupe avec maestria. Chacun a trouvé sa place et a l’opportunité d’exprimer sa personnalité. « Moi, je veux tout donner », dit une chanson. Ils donnent tout ! « C’est le spectacle dont je suis le plus fier », confie Dove Attia, à qui on doit Les Dix Commandements et La Légende du roi Arthur. On ne le contredira pas.
Molière, l’opéra urbain. La fabuleuse histoire d’un génie, au Dôme de Paris (15e), jusqu’au 18 février. Puis en tournée.
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