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Peau d’âne | Pour que tombent ces peaux de trop

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Les frères Grimm l’ont emprunté à Charles Perrault. Le cinéaste Jacques Demy en a fait l’objet d’un film excentrique comme l’étaient les années 1970. Depuis la nuit des temps, le conte Peau d’âne nous fascine, nous dérange, nous effraie même, par moments.



Sophie Cadieux et Félix-Antoine Boutin ont décidé d’y plonger leurs plumes pour en faire une version théâtrale à quatre mains, présentée sur la scène du Théâtre Denise-Pelletier. La première sera aussi sur scène en compagnie d’Éric Bernier. Le second se charge de la mise en scène.

Mais qu’est-ce qui les inspire dans cette histoire de princesse forcée de s’exiler du royaume sous la peau d’une ânesse pour ne pas marier son père, éperdu d’amour pour sa fille depuis la mort de sa femme ?

« Sophie et moi avons une fascination pour le coming of age, lance Félix-Antoine Boutin. Ce conte parle d’une liberté qui peut être acquise. Il dit aussi que la singularité de chacun vaut quelque chose dans le monde. »

« Ce qui nous intéresse est la lumière que le conte pose sur la singularité immatérielle, la part unique qui se trouve en chacun de nous, poursuit Sophie Cadieux. Qu’est-ce qui se passe si on s’affranchit de tous les costumes, de toutes les peaux que la société nous force à porter ? Qui est-on vraiment ? La question est importante. Et elle n’est pas une affaire de genre. »

Dans le conte – et dans la pièce –, Peau d’âne doit revêtir plusieurs costumes et subir plusieurs épreuves pour accéder à cette émancipation salutaire. Mais tout commence lorsqu’elle revêt la peau d’une ânesse dotée d’un pouvoir merveilleux, celui de chier de l’or. Cette ânesse sacrifiée représente le prix à payer pour la jeune fille en quête d’elle-même.

Pour écrire leur pièce, les deux dramaturges se sont inspirés du film de Jacques Demy, mais surtout de la liberté créatrice qui prévalait pendant le tournage.

On a écouté beaucoup de vidéos qui se passaient dans les coulisses. Catherine Deneuve qui fume des clopes, Jim Morrison qui apparaît une journée dans le jardin…

Sophie Cadieux

Cette ambiance détendue les a convaincus qu’ils pouvaient s’octroyer tous les droits sur ce conte aux origines immémoriales. « Chez Perrault, ce conte était très noir, dit Félix-Antoine Boutin. On s’en est inspirés, mais on s’est aussi permis d’explorer. On veut tendre vers une certaine légèreté. »

IMAGE FOURNIE PAR PARAMOUNT

Catherine Deneuve dans Peau d’âne, de Jacques Demy

À la mise en scène, il a choisi une approche très pop, où les influences de Kill Bill, de Karaté Kid ou des mangas ne se démentent pas.

La fin est aussi plus ouverte que celle du conte. « Il n’y a pas de morale », dit Sophie Cadieux. À chacun d’en tirer les leçons qui lui plairont…

Deux acteurs sur scène

Éric Bernier, de son côté, a été séduit par la nature fantasmagorique du projet. « J’aime les contes, car ils viennent jouer dans notre inconscient. Ils disent beaucoup sur qui on est vraiment. Ici, le texte offre aux jeunes un espace pour les aider à trouver leur place. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sophie Cadieux et Éric Bernier (à droite) seront tous deux sur scène, alors que Félix-Antoine Boutin (au centre) agit à titre de metteur en scène.

La quête d’unicité de la princesse en cavale risque en effet de résonner fort chez le public adolescent qui fréquente le Théâtre Denise-Pelletier. C’est du moins ce que souhaitent les trois artistes.

Je suis entouré de jeunes filles qui sont attirées par la délinquance et les bad boys. Le spectacle montre qu’il est possible de s’affranchir du regard des autres, mais aussi de faire fi des stéréotypes.

Éric Bernier

L’interprète va d’ailleurs faire valser tous les stéréotypes en incarnant sur scène un roi, un prince… et une fée marraine. « Ça me permet de changer une certaine vision de la masculinité. La multiplicité des genres qui prévaut aujourd’hui est extraordinaire. Et le spectacle nourrit ça. Comme acteur, c’est vraiment le fun à faire ! Le plaisir de la métamorphose est entier. »

Le spectacle offre aussi une formidable plateforme aux créateurs, qui doivent s’approprier cet univers fantastique où tout n’est que transformation. La scénographie (Max-Otto Fauteux), les costumes (Elen Ewing), les accessoires (Marie-Jeanne Rizkallah), la musique (Antoine Bédard) et les éclairages (Julie Basse) s’annoncent à l’image de ce spectacle à la créativité foisonnante.

« Nous avons été très nourris par les concepteurs, dit Félix-Antoine Boutin. Et ils y vont tous à fond dans leur lecture ! » « Peau d’âne est vraiment un spectacle de concepteurs où l’écriture dramatique n’est qu’un des matériaux utilisés », ajoute Sophie Cadieux.

Peau d’âne est la cinquième collaboration entre Sophie Cadieux et Félix-Antoine Boutin, duo à qui l’on doit notamment l’adaptation pour la scène du film Fanny et Alexandre d’Ingmar Bergman.

Du 25 septembre au 19 octobre au Théâtre Denise-Pelletier, puis au Théâtre français du Centre national des arts du 31 octobre au 2 novembre.



Consultez la page de la pièce



Content Source: www.lapresse.ca

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