ad

Gala d’ouverture des prix Gémeaux | L’excellence en télé perd une vitrine… à la télé

Share

- Advertisement - ad

Les prix Gémeaux survivent aux controverses, mais ils semblent quand même avoir un peu de plomb dans l’aile. Diffusée en direct sur les ondes d’ICI ARTV jusqu’à l’an dernier, la cérémonie d’ouverture du dimanche après-midi, qui récompense des artistes et artisans du petit écran, ne sera pas présentée à la télévision cette année. Raison invoquée ? La faiblesse des cotes d’écoute.




L’information a été communiquée à la toute fin du document détaillant la liste des finalistes aux 39es prix Gémeaux, début juillet.

C’est dans la foulée des coupes à Radio-Canada que s’est imposée la décision d’annuler la diffusion télé du Gala d’ouverture.

La décision a été prise début février, avant l’exclusion de la société d’État de la liste des entités fédérales forcées de réduire leurs dépenses de 3,3 %.

« Ce n’était pas quelque chose de très écouté par le public. On en avait parlé avec les Gémeaux il y a très longtemps. Pour eux, c’était chose réglée », explique Sophie Morasse, directrice générale de la Télévision de Radio-Canada, en entrevue avec La Presse.

Chiffres déclinants

Le gala des Gémeaux est constitué de trois remises de prix : le Gala de l’industrie (autrefois relayé sur le site web de Radio-Canada et sur la page Facebook des Gémeaux, et qui ne sera désormais retransmis nulle part), le Gala d’ouverture, puis la célébration télévisée du dimanche soir, qu’animera Pierre-Yves Lord le 15 septembre, en direct sur ICI Télé et ICI Tou.tv.

Les trophées des catégories dites « techniques » (recherche, montage, son, costumes, coiffures, etc.) sont distribués au Gala de l’industrie. C’est au Gala d’ouverture qu’est remis le plus grand nombre de statuettes (46) décernées par l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision (ACCT), organisatrice des Gémeaux.

Tenu quelques heures avant le rendez-vous glamour du dimanche soir, au parterre du Complexe Desjardins isolé par des rideaux pour l’occasion, le happening d’ouverture (autrefois baptisé l’Avant-première) voit défiler, pour des remerciements succincts, auteurs, réalisateurs et interprètes de rôles de soutien de séries. Y sont également couronnés les jeux, talk-shows, magazines, téléréalités, etc.

Plusieurs têtes d’affiche appréciées du grand public y étant à l’honneur, n’est-il pas contradictoire qu’une portion d’un évènement censé faire rayonner la télé québécoise ne soit pas accessible aux téléspectateurs ?

Nous, le mandat qu’on a, c’est de faire un bon show de télé. L’Académie a aussi des choix à faire avec le budget qu’elle a. On ne se cachera pas que la télé est dans un contexte difficile… On essaie de faire les meilleurs choix de budget pour donner de la visibilité.

Sophie Morasse, directrice générale de la Télévision de Radio-Canada

En 2022, l’auditoire d’un dimanche après-midi moyen d’automne à ICI ARTV s’évaluait à 18 000 téléspectateurs, comparativement à 32 000 pour le Gala d’ouverture. Le 17 septembre 2023, le Gala d’ouverture avait été regardé par 18 000 personnes, comparativement à 19 000 pour les autres émissions du dimanche, du 21 août au 17 septembre.

« Au niveau des chaînes spécialisées, on regarde toujours l’abonnement versus le coût de grille. On fait plusieurs galas, et on voulait une uniformité dans ce qu’on donne comme visibilité à nos partenaires », a expliqué Sophie Morasse.

Rappelons que l’an dernier, en plus d’écarter de sa grille le Gala Québec Cinéma, Radio-Canada avait aboli les émissions spéciales tapis rouges qui précédaient ses différentes remises de prix.

L’organisation des Gémeaux vient de surcroît d’être secouée par la controverse, alors que quelques producteurs (Aetios, ALSO, Duo Productions) ont décidé de ne plus y inscrire leurs œuvres, choqués par plusieurs modalités de fonctionnement.

Invitée à commenter la situation, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision s’est contentée de convier le public à suivre ses réseaux sociaux pendant les différentes cérémonies pour en connaître les faits saillants.

Le rôle du diffuseur public

Selon Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias, spécialisée en télévision et culture populaire, on aurait tort de minimiser l’impact d’une telle initiative de la part du diffuseur public.

On peut comprendre la décision de Radio-Canada, mais comprendre ne veut pas nécessairement dire excuser. Les galas comme les prix Gémeaux sont des évènements culturels importants pour la promotion et la visibilité de la culture locale, et ce, même si les cotes d’écoute sont en baisse.

Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias

Mme Boisvert signale qu’à l’ère des plateformes de visionnement incitant à la consommation rapide, les « artistes de l’ombre » plébiscités dans les galas hors d’ondes se retrouvent « invisibilisés ».

« C’est de plus en plus difficile de savoir qui a réalisé ou produit un film… »

« Le choix de Radio-Canada montre ce qui arrive lorsqu’on laisse un diffuseur public dans une relation de dépendance perpétuelle face aux revenus publicitaires, ajoute Mme Boisvert. Dans un contexte où certaines émissions font moins de cotes d’écoute, on a tendance à vouloir les enlever de la programmation. Alors qu’au contraire, l’un des mandats d’un diffuseur public est de mettre de l’avant la culture locale, peu importe son attrait commercial. Ce mandat est difficilement conciliable avec un mandat de rentabilisation via les revenus publicitaires. »

La soirée des Gémeaux proposait auparavant un court récapitulatif en images des moments forts des galas de l’industrie et d’ouverture. Radio-Canada affirme chercher une solution pour saluer publiquement les lauréats et lauréates de ces deux premiers volets.

Le Gala des 39es prix Gémeaux sera diffusé en direct sur ICI Télé et ICI Tou.TV le dimanche 15 septembre, à 20 h.



Content Source: www.lapresse.ca

En savoir plus

advertisementspot_img

Nouvelles récentes