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Mise en scène par Serge Denoncourt | Le film culte La Haine présenté au théâtre en octobre

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En regardant La Haine il y a près de 30 ans, on sentait que la violence dans les banlieues françaises était inexorable.


Le film en noir et blanc du réalisateur français Mathieu Kassovitz, salué par la critique, s’ouvre sur des images vidéo d’émeutes urbaines. Le film suit ensuite trois amis – Hubert, Vinz et Saïd – pendant 24 heures dans un monde de brutalité policière. Il se termine par le meurtre de l’un des jeunes hommes par un policier.

Une confrontation s’ensuit, suivie d’une voix hors champ qui dit : « C’est l’histoire d’une société qui tombe. » Un coup de feu retentit, laissant peu de doute quant à l’issue dramatique.

Le film avait servi de révélation sur la dure réalité de la vie en banlieue française — des secteurs défavorisés où sont établis des HLM — et avait fait sensation au Festival de Cannes de 1995. Kassovitz a remporté le prix du meilleur réalisateur et « La Haine » est devenu culte en France et dans le monde entier.

Près de trois décennies plus tard, il est toujours salué comme le film de référence sur les HLM en crise. Kassovitz et le metteur en scène québécois Serge Denoncourt lui donnent une nouvelle vie, en le transformant en comédie musicale qui sortira en octobre.

Le titre reste le même : La Haine, mais avec un sous-titre : Jusqu’ici rien n’a changé.

« Deux jours après avoir annoncé le spectacle (l’année dernière), nous étions très excités, a relaté Kassovitz. Nous étions très heureux de dire : “OK, nous allons l’annoncer officiellement et ce sera un beau spectacle et ce sera une belle fête et tout.” Deux jours plus tard, nous avons vu la vidéo de Nahel, vous savez, le jeune qui s’est fait tirer dessus par des policiers. »

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Mathieu Kassovitz

Kassovitz faisait référence à Nahel Merzouk, un chauffeur-livreur de 17 ans qui a été abattu par un policier en juin 2023, déclenchant des émeutes dans tout le pays contre les violences policières, la pauvreté et la discrimination envers les personnes issues de l’immigration. Le jeune homme était d’origine nord-africaine.

« Oui, nous savons pourquoi nous faisons cela, a souligné Kassovitz. C’est pour lui. C’est pour toutes les victimes qui ont subi ce genre de violence après tant d’années. »

La solution : l’amour

Malgré le tournage de La Haine en noir et blanc, Kassovitz essaie d’éviter des conclusions trop simplistes sur les racines de la violence.

« Nous essayons de résoudre les questions que le film a soulevées, a-t-il expliqué.

« Nous ne pouvons pas tout le temps pointer du doigt. Peut-être qu’il est temps de trouver des solutions. Et nous pensons que la solution, c’est l’amour. C’est donc le but du spectacle. C’est de savoir comment arrêter de haïr et commencer à aimer. »

Pour trouver le trio d’acteurs qui porterait ce message d’amour à travers la comédie musicale, Kassovitz et son équipe ont sillonné la France pendant des mois. Le réalisateur estime qu’Aliyou Diop, Samy Belkessa et Alexander Ferrario sont les bons choix pour recréer l’alchimie du film.

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Aliyou Diop, Samy Belkessa et Alexander Ferrario

Malgré toute sa noirceur, le film avait déjà une dose de moments plus légers. Il est rempli de bonnes répliques, de blagues amusantes qui ne font que renforcer le lien et l’amour entre les trois protagonistes alors qu’ils s’aventurent au cœur de Paris.

« Il y a aussi beaucoup d’amour dans les quartiers », a déclaré Diop, qui vient d’un quartier populaire de la ville portuaire du Havre.

« Sinon, on se tirerait dessus. Dans le film, on voit trois copains vivre dans un contexte compliqué, et on oublie le contexte en regardant le film. Ils arrivent à nous le faire oublier. C’est pour ça que je les aime tant. Ils rient, ils rient de leur misère. »

Une réalité mieux connue

Lorsque Kassovitz a réalisé son film, la culture des banlieues françaises était encore peu connue. La scène musicale rap locale avait déjà émergé, mais les médias grand public locaux avaient tendance à présenter les jeunes des cités sous un jour peu flatteur, un constat basé largement sur la peur.

Kassovitz s’est dit heureux que certains stéréotypes aient été brisés et que les jeunes des banlieues aient désormais la chance de se frayer un chemin jusqu’au sommet des palmarès, à l’image de la vedette pop franco-malienne Aya Nakamura, qui a chanté lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, cet été.

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Une scène de La Haine, en répétition.

Selon lui, la différence entre le film et le spectacle, c’est qu’on n’a pas besoin de prévenir les gens qu’il s’agit des enfants des cités. « Il y a trente ans, personne ne les connaissait, alors il fallait faire un film pour leur faire découvrir la culture française », a-t-il dit.

Diop, qui joue Hubert dans la comédie musicale et qui est aussi un rappeur, a impressionné l’équipe par sa présence sur scène. C’est un atout essentiel dans un spectacle musical qui mêle la danse, le cinéma, le rap, le théâtre et les performances et Serge Denoncourt espère qu’il sera révolutionnaire.

« On essaie de mettre les choses ensemble de manière artistique, mais pas trop, trop mignonne. On aime la matière brute qu’on a avec le breakdance, avec le rap, a-t-il expliqué. Le spectacle est assez cru. »



Content Source: www.lapresse.ca

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